DE NOTRE CORRESPONDANT
POUR LE CENTRE hospitalier Bretagne-Atlantique de Vannes-Auray, «l'application du décret d'interdiction de fumer dans les lieux publics donne un nouvel élan de la lutte contre le tabagisme». Dans un contexte qui devrait pousser de nombreux fumeurs à tenter de mettre un terme à leur consommation, l'instrument imaginé par Gilles Héno, infirmier en tabacologie, par ailleurs président de l'Association française des infirmières en tabacologie, et fabriqué par son employeur, peut trouver un certain écho parmi la population concernée et chez les professionnels de santé, à commencer par les médecins et les pharmaciens, souvent les premiers interlocuteurs du fumeur.
Présenté sous la forme d'une réglette, l'objet, très simple d'utilisation, permet au patient d'évaluer rapidement le syndrome de manque. Le fumeur renseigne les quatre critères proposés : envie de fumer, irritabilité, agitation et augmentation de l'appétit. En fonction des réponses choisies (parmi les quatre proposées chaque fois), un score s'affiche automatiquement sur l'autre face de la réglette et, une fois le total calculé, le fumeur peut prendre connaissance de l'évaluation du traitement.
«Cet outil pratique a pour objectif d'inciter à des modifications de la stratégie thérapeutique si celle-ci apparaissait mal adaptée», soulignent les promoteurs de la réglette. «Les tabacologues observent fréquemment un sous-dosage des substituts nicotiniques, ajoutent-ils. Depuis la mise en vente libre de la substitution nicotinique en décembre 1999, le renouvellement des substituts nicotiniques se fait le plus souvent selon une posologie standardisée. La réglette affiche automatiquement les résultats de la mesure du syndrome de manque et le réajustement thérapeutique peut être effectué immédiatement. Le pronostic de réussite est alors augmenté de façon significative. Un syndrome de manque hypothèque les chances de réussite de la tentative d'arrêt du tabac.»
Pratique pour le médecin.
Pour l'infirmier et le médecin tabacologue du centre de tabacologie du centre hospitalier de Vannes, avec ce nouvel outil, l'ensemble des professionnels de santé sauront mieux quantifier le ressenti du candidat à l'arrêt du tabac. «Les pharmaciens qui renouvellent les substituts nicotiniques aux patients pourront revoir leur stratégie en l'adaptant à chaque patient individuellement. Les médecins généralistes seront incités à mettre en place un suivi pour évaluer la thérapeutique. Un suivi régulier et un accompagnement psychologique sont indispensables. Les médecins sont demandeurs d'outils pratiques et insistent sur la nécessité de raccourcir le temps de consultation. Enfin, les professionnels des services hospitaliers apprécieront mieux la situation difficile de leurs patients privés de tabac pendant l'hospitalisation.»
Non seulement l'usage de la réglette facilite et optimise le suivi, mais il permettra une meilleure organisation de la prise en charge. «Les tabacologues du centre de tabacologie, trop peu nombreux pour répondre à toutes les demandes d'aide, ne prendront alors en charge que les patients dont la dépendance est importante», espèrent les promoteurs. C'est en tout cas ce qui va être tenté dans le Morbihan.
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