LA VARICELLE de l'enfant pose deux problèmes, d'une part, par sa fréquence et, d'autre part, par ses complications potentielles. Avec environ 700 000 cas par an en France, cette infection a des conséquences économiques importantes. Et l'estimation officielle de 3 % de varicelles compliquées, issues des données du réseau Sentinelles, ne correspond plus à la réalité. « On a le sentiment que leur incidence augmente tous les ans », souligne le Pr Floret. Un phénomène constaté en France, mais également dans les autres pays, et qui affecte aussi les enfants. De 50 à 60 % des décès observés surviennent chez l'adulte. Il faut noter que les complications ne surviennent pas uniquement chez des enfants immunodéprimés. En effet, la proportion d'enfants immunocompétents présentant des complications au cours de la varicelle est élevée, comme le montrent les résultats d'une enquête multicentrique française menée entre 1998 et 2001 dans des unités de réanimation pédiatrique (BEH n°9/2003). Dans cette étude de 68 dossiers, les enfants antérieurement sains affectés par des complications graves sont largement majoritaires, (76,5 %) et 5 décès sur les 10 répertoriés concernent cette population. Par ailleurs, l'âge apparaît donc comme le facteur de risque principal de varicelle grave : plus de 8 enfants sur 10 (82 %) des enfants hospitalisés en réanimation sont âgés de moins de 5 ans. L'absence fréquente de terrain favorisant dans les varicelles hospitalisées apparaît également dans les données préliminaires de l'Observatoire de la varicelle hospitalisée en France, mis en place en mars 2003 par le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) de la Société française de pédiatrie : 66,1 % des 354 enfants inclus dans l'étude au cours des 9 premiers mois de fonctionnement de l'Observatoire n'avaient pas de facteur de risque.
L'expérience américaine.
A l'heure actuelle, la vaccination est le seul moyen de prévention efficace de la varicelle. Un premier vaccin, mis au point dans les années soixante-dix, a été utilisé pendant une certaine période dans des indications très limitées, chez des sujets immunodéprimés. « La politique américaine de prévention vaccinale de la maladie a relancé le débat », explique le Pr Floret. En 1995, les Américains ont décidé de réaliser des campagnes de vaccination de masse contre la varicelle, qu'ils considéraient comme la première cause de mortalité par maladie susceptible d'être prévenue par une vaccination, tous âges confondus. Environ 100 décès, dont 45 % survenant chez des enfants, y étaient alors recensés chaque année. Le programme de vaccination universelle des enfants à partir de l'âge de 1 an a débuté fin 1996. Ses résultats sont « impressionnants », puisqu'une réduction massive de l'incidence de la varicelle a été observée dans toutes les tranches d'âge, y compris chez les nourrissons de moins de 1 an et les adultes, et chez les sujets non vaccinés. La vaccination a également été bénéfique sur les varicelles hospitalisées, dont le nombre est passé d'une quarantaine à 8 en 1999 et 20 en 2000, ainsi que sur les décès dont le nombre a été de 5 en 2001 et de 6 l'année suivante. « On ne peut que s'interroger devant ces résultats, estime le Pr Floret, et ce d'autant que le bon rapport coût-efficacité de la vaccination contre la varicelle a été prouvé par des études médico-économiques. »
D'après un entretien avec le Pr Daniel Floret, service de pédiatrie, hôpital Edouard-Herriot, Lyon. Journée amphi « La vaccination au cœur de la santé publique », parrainée par Aventis Pasteur MSD. Mardi 16 mars 2004.
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