L'ACTUALITÉ dans le domaine de la grippe a été marquée cette année par une vive controverse, à la une de deux prestigieux journaux scientifiques, le « NEJM » (« New England Journal of Medicine ») et le « Lancet », sur l'efficacité de la vaccination contre la grippe. Pour les uns, son efficacité a été surévaluée, pour les autres, il s'agit bien d'un vaccin très efficace chez les personnes âgées. La polémique est, semble-t-il, née de l'absence d'incidence, sur la courbe de survie, malgré l'extension de la vaccination contre la grippe dans la population gériatrique aux États-Unis. Mais, comme le souligne le Dr Gaillat, la mortalité chez les personnes âgées en période hivernale, lorsque la grippe sévit, n'est pas liée uniquement à celle-ci, mais à bien d'autres virus respiratoires. Quand on évalue l'impact de la vaccination sur la morbi-mortalité liée à la grippe, dans des études qui prennent en compte les infections confirmées par un examen virologique, le vaccin se révèle très efficace. On observe d'ailleurs une très nette diminution des cas de grippe, des grippes sévères et des hospitalisations dans les maisons de retraite lorsque les résidents sont vaccinés. La vaccination des personnels de santé étant un aute facteur important de prévention.
Si les vaccins disponibles sont très efficaces, on cherche néanmoins à les améliorer et, notamment, à accroître leur immunogénicité chez les personnes âgées. Les recherches ont ainsi abouti à la mise au point d'un nouveau vaccin administré par voie intradermique, un mode d'administration qui augmente sensiblement la réponse immunitaire. Une demande d'autorisation sur le marché a été déposée auprès de l'Agence européenne et l'on devrait donc disposer prochainement de ce nouveau vaccin.
Autre piste, la voie inhalée qui, d'une part, simplifie l'administration chez l'enfant en évitant une injection et, d'autre part, induit en outre une réaction immunitaire muqueuse avec une augmentation des IgA. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une nouveauté, puisqu'un vaccin administré par voie nasale est déjà disponible aux États-Unis depuis 2003. Il fait appel à une souche vaccinale qui se développe au froid et ne supporte pas la chaleur. Quand on l'administre par voie nasale, le virus est détruit dès son arrivée dans la partie postérieure des fosses nasales. Il entraîne une très bonne réaction immunitaire, avec, en outre, une réponse IgA. Une demande d'enregistrement européen est en cours.
La préparation des vaccins « pandémiques » suscite une recherche très active pour en améliorer la production et l'efficacité. En effet, l'adjuvant classique de type alumine n'a pas d'impact sur la réponse anticorps et des doses d'antigènes beaucoup trop importantes sont nécessaires pour obtenir l'augmentation souhaitée des taux d'anticorps. De nouveaux adjuvants, notamment lipidiques, sont donc à l'essai, les premiers résultats sont intéressants, puisqu'il devient possible d'un facteur de 10 environ de diminuer les doses d'Ag. L'autre option étudiée repose sur l'utilisation de virus entiers atténués, qui ne nécessitent pas d'adjuvant. Enfin, on essaie de mettre au point un vaccin « universel », dont les protéines conservées, notamment la protéine M2e, permettraient d'entrainer une réponse en AC plus globale, c'est-à-dire protectrice contre les différentes souches virales. Des essais sont en cours chez l'animal.
Les chercheurs s'intéressent aussi à l'amélioration des procédés de fabrication. Actuellement, le vaccin est produit dans des œufs embryonnés. Or, initialement, les souches de virus H5N1 utilisé avait des effets délétères sur les œufs. Des essais de production sur cultures cellulaires ont donc été envisagés, les résultats préliminaires sont intéressants, mais leur mise au point nécessitera encore du temps, en particulier pour satisfaire à toutes les étapes d'un enregistrement.
Toujours dans le cadre de l'amélioration de la protection de la population en cas de pandémie, on étudie la réaction croisée qui existerait entre les candidats vaccins en évaluant la possibilité de vacciner dans un premier temps avec le un vaccin prépandémique suivi d'un rappel avec le vaccin pandémique définitif, dès lors que la souche aura été identifiée.
La grippe est ainsi un vaste champ de recherches, stimulé par la menace pandémique, conclut le Dr Gaillat.
D'après un entretien avec le Dr Jacques Gaillat, centre hospitalier d'Annecy.
Vaccine 2008;26:4299-303.
Vaccine 2008;26:6232-36.
Current Opinion in Pharmacology 2007;7:484-90.
Le vaccin antipneumococcique 13 valences
La mise à disposition prochaine du nouveau vaccin antipneumococcique contre 13 sérotypes devrait encore améliorer l'impact de cette vaccination chez le jeune enfant ; elle pourrait aussi se révéler très utile chez les adultes et surtout chez les sujets âgés, qui paient un lourd tribut aux infections pneumococciques. Pour le vérifier, une importante étude sur 85 000 sujets de plus de 65 ans vient d'être mise en route aux Pays-Bas ; elle devrait permettre de vérifier si le vaccin diminue le nombre de pneumonies dues aux sérotypes inclus dans le vaccin, mais aussi à l'ensemble des pneumonies.
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