L'ADDICTOLOGIE connaît un développement scientifique extrêmement actif. Les recherches portent en particulier sur les interactions entre les facteurs génétiques et l'environnement dans la genèse des addictions. La part de la vulnérabilité génétique est jugée de plus en plus importante. Mais, comme dans tous les comportements, l'influence des facteurs génétiques ne s'exprime qu'en fonction d'un environnement «facilitateur» (mode de vie, antécédents familiaux…). Cette influence est, selon les études, de 50 % pour la dépendance à l'alcool et de 70 % pour celle liée au tabac. Les effets positifs de la première consommation seraient également déterminants dans l'installation de la dépendance. D'où l'importance d'identifier les familles à risque et de mettre en place des programmes de prévention.
L'usage de drogues (opiacés) pendant la grossesse expose tant la femme que l'enfant à des risques spécifiques bien connus. Dans ce contexte particulier, les traitements de substitution prescrits à la mère apparaissent comme fort utiles car ils réduisent, voire évitent, le syndrome de sevrage néonatal, considéré comme très nocif pour le foetus. Le nouveau-né doit également être pris en charge. Et l'allaitement reste compatible avec les traitements de substitution à la méthadone.
D'autres travaux apportent des éléments péjoratifs supplémentaires au dossier du cannabis. Selon sept grandes études longitudinales, le risque de développer une schizophrénie serait réel chez les consommateurs de cette substance et ce risque augmenterait avec la durée et l'intensité de la consommation. Si le Dr Stanley Zammit (Cardiff), spécialiste de la question, reconnaît qu'il existe sans doute un «lien» entre cannabis et schizophrénie, il estime qu'il est difficile de déterminer si une telle association est ou non d'ordre causal, car d'autres facteurs (troubles de la personnalité, environnement…) retrouvés dans les métaanalyses peuvent aussi être des éléments favorisant la survenue de ces troubles psychotiques.
Le renforcement positif.
Tous ces travaux conduisent à s'interroger sur les moyens à mettre en place pour permettre l'arrêt immédiat de la consommation «abusive», pour éviter sa reprise et pour identifier et mieux comprendre les raisons de l'addiction. À côté des substituts nicotiniques, des substituts légaux disponibles par voie orale pour remplacer les drogues injectables illicites, les nouvelles approches thérapeutiques s'orientent vers les associations médicamenteuses, le «renforcement positif» (récompense en cas d'arrêt de la consommation) associé au traitement médicamenteux, les thérapies cognitivo-comportementales, et vers des méthodes thérapeutiques, actuellement en expérimentation, comme la stimulation magnétique transcrânienne, la stimulation cérébrale profonde, la vaccination contre le tabac et certains opiacés.
«Le rôle du généraliste est fondamental, a conclu le Pr Michel Reynaud (chef du département addictologie et psychiatrie à Paul-Brousse et président de la Fédération française d'addictologie), car il est au carrefour du repérage précoce, de l'accompagnement individuel et de la prise en charge des patients jusqu'à ce qu'une aide par un centre spécialisé soit mise en route s'ils sont trop gravement atteints.» C'est pourquoi des formations continues sur la prise en charge des addictions ont été mises en place pour aider le praticien à mieux appréhender les stratégies motivationnelles, le maniement des traitements et, pour qu'il puisse construire des liens avec les centres spécialisés.
* Albatros-CERTA : www.centredesaddictions.org.
Des formations
Structure d'accueil spécifique avec une équipe pluridisciplinaire et spécialisée et centre de ressources, l'Albatros-CERTA mène aussi des recherches et organise des formations pour les professionnels de santé.
Parmi celles-ci, le DESC d'addictologie, la capacité d'addictologie clinique, le DU d'addictologie pratique « Adolescence, cannabis et nouvelles consommations » et le DU « De la compréhension des mécanismes des addictions à la prise en charge pratique ».
Renseignements : infos-formation@centredesaddictions.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature