LE PRIX Epidaure a été créé en 1993 par « le Quotidien du médecin », pour encourager les travaux de recherche portant sur les relations existant entre santé et environnement. Il est parrainé par la Fondation pour la recherche médicale et soutenu par Veolia Environnement. Il récompense plusieurs catégories de travaux : des recherches fondamentales, cliniques ou épidémiologiques, émanant généralement d’un scientifique confirmé ; le travail d’un jeune chercheur postdoctorant souhaitant poursuivre ses recherches dans le domaine de la santé et de l’environnement ; un projet, ou une étude, mené par un praticien libéral ; et une action de communication favorisant la prise en compte des problèmes de santé liés à l’environnement. Les prix sont attribués après le vote d’un jury indépendant constitué de personnalités de la médecine et de l’écologie.
Prix de la recherche fondamentale.
En 2005, le prix Epidaure de la Recherche fondamentale, clinique ou épidémiologique est remis au Pr Antoine Andremont (EA 3 964 « Emergence de la résistance bactérienne in vivo » et Groupe hospitalier Bichat - Claude Bernard, laboratoire de bactériologie, Paris 18e) pour son travail sur : « L’Ecologie de la résistance aux antibiotiques des bactéries colonisant l’homme au contact ou non avec les élevages porcins en France en 2000 ». Ce travail s’inscrit dans le contexte de la progression des bactéries résistantes à différents antibiotiques. Le Pr Andremont a choisi d’évaluer le rôle des flores commensales humaines dans l’évolution de ces résistances. Il a notamment étudié l’influence des conditions d’environnement et de travail sur l’écologie de la résistance bactérienne en prenant l’exemple des éleveurs de porcs. En effet, la transmission croisée de bactéries résistantes de la flore commensale peut exister entre des animaux d’élevage, soumis à des pressions de sélection antibiotiques multiples, variées et souvent prolongées, et les éleveurs qui en ont la charge. L’étude a porté sur 113 éleveurs de porcs appariés à 113 témoins travaillant dans le secteur tertiaire (banque ou assurance). Des échantillons recueillis par écouvillonnage au niveau du nez, de la gorge, et des échantillons de selles ont été analysés afin de mesurer la résistance des staphylocoques, des streptocoques alpha-hémolytiques et des entérobactéries.
Le Pr Andremont a ainsi montré que la flore commensale des porchers (nasale, pharyngée et intestinale) abrite plus souvent des bactéries résistantes aux antibiotiques que celle des sujets non exposés aux élevages de porcs. La colonisation nasale des porchers par Staphylococcus aureus était environ deux fois plus élevée que celle des contrôles ; le typage moléculaire des souches témoignait de leur origine porcine. Enfin, l’auteur a montré que certaines souches de Staphylococcus aureus, très probablement d’origine porcine, pouvaient coloniser des porchers travaillant dans des fermes parfois très éloignées les unes des autres. Ce travail a donné lieu à un rapport de l’InVS, à 2 publications internationales et à 3 communications à des congrès scientifiques. Elle fait partie des nombreux travaux de recherche du Pr Antoine Andremont sur l’écologie microbienne du tube digestif et la résistance des bactéries aux antibiotiques. D’un montant de 8 000 euros, le prix Epidaure de la Recherche fondamentale, clinique ou épidémiologique est doté par le « Quotidien du médecin ».
Prix Jeune chercheur.
Le prix Epidaure Jeune Chercheur est remis à Laurent Marsollier (Unité de génétique moléculaire bactérienne, Institut Pasteur de Paris), pour son travail intitulé « Ecologie et modèle de transmission de Mycobacterium ulcerans, agent étiologique de l’ulcère de Buruli ».
Il s’agit d’un travail d’éco-entomologie ; son objectif était de rechercher la niche écologique de Mycobacterium ulcerans dans l’environnement hydrotellurique des zones d’Afrique de l’Ouest où sévit l’ulcère de Buruli, dont cette bactérie est responsable. Il s’agit d’une dermatose ulcéro-nécrosante existant à l’état endémique en zones tropicales et, semble-t-il, favorisée par certains bouleversements environnementaux (irrigations, lacs artificiels). Laurent Marsollier a été le premier à démontrer expérimentalement le rôle des punaises d’eau ( Naucoridae) comme hôtes et vecteurs de M.ulcerans, sur un modèle murin. Il a également retrouvé la bactérie dans des extraits d’algues aquatiques, observation qui le conduit à évoquer l’existence d’hôtes intermédiaires. Il a mis en évidence des contaminations transitoires possibles de certains mollusques, proie des punaises d’eau. Il a démontré dans une première partie expérimentale de son travail réalisée sur la souris que la punaise d’eau héberge M. ulcerans et qu’elle peut l’inoculer par piqûre ; il a montré in vitro que des extraits d’algues favorisaient sa croissance. La partie éco-entomologique de terrain a concerné la capture en zones d’endémie (en Côte d’Ivoire et au Bénin) de punaises aquatiques : 5 à 20 % des punaises étaient infectées.
Enfin, Laurent Marsollier a montré la capacité de la bactérie à s’organiser sous la forme de biofilms à la surface de fragments végétaux, suggérant un réservoir additionnel pour hôtes intermédiaires. Dans la littérature, plusieurs hôtes intermédiaires ont été retrouvés porteurs de la bactérie (poissons, mollusques, libellules). Ses travaux suggèrent un rôle possible de certains mollusques dans cette chaîne de transmission.
Ce thème de recherche qui a fait l’objet de sa thèse d’université a donné lieu à plusieurs publications internationales. Laurent Marsollier est un chercheur contractuel de l’unité de génétique moléculaire bactérienne de l’Institut Pasteur de Paris, dirigée par le Pr Cole. D’un montant de 8 000 euros, le prix Epidaure Jeune Chercheur est doté par Veolia Environnement.
Trophée de la communication.
Le Trophée Epidaure de la communication est remis à Joël Spiroux (président de la Commission santé environnement de l’union régionale des médecins libéraux de Haute-Normandie), pour l’organisation du 1er Congrès national sur les pathologies environnementales, qui s’est tenu à l’Insa de Rouen les 7 et 8 octobre 2005, avec le soutien du ministère de l’Ecologie et du Développement durable. Le congrès se voulait transdisciplinaire et ouvert à un très large public : médecins libéraux, hospitaliers, salariés, vétérinaires, agronomes, institutionnels, Drass, Dass, ARH, Urcam, Drire, services vétérinaires, chambres de commerce. Le programme abordait tout l’éventail des problématiques actuelles : l’air (pathologies respiratoires, risque des légionnelles, effets des dioxines) ; l’eau et l’alimentation (pesticides, perturbateurs endocriniens, risques alimentaires, pollution chimique) ; milieu du travail et milieu de vie (cancers professionnels, rayonnements ionisants, plomb) ; sociologie et droit (prévention du risque, désignation des responsabilités, Programme national Santé Environnement). Le nombre des participants et la qualité des interventions ont témoigné du succès de ce premier congrès qui s’inscrit dans la démarche très active de la commission Santé Environnement de l’Urml de Haute-Normandie : enquête menée auprès des médecins libéraux de la région pour évaluer l’intérêt des praticiens pour la santé et l’environnement, club Santé Environnement, etc. Le prix Epidaure de la communication est doté d’un Trophée.
Le soutien de Veolia Environnement
La réduction des impacts négatifs de l’activité humaine sur l’environnement participe à la bonne santé et au bien-être des personnes ; cet enjeu est au coeur même des métiers de Veolia Environnement, qui sont : l’eau (gestion de l’eau potable et dépollution des eaux usées), la propreté (gestion des déchets), l’énergie (chauffage urbain) et le transport (gestion de réseaux de transports publics de voyageurs). Par l’accès à ses services, par la mise en oeuvre de technologies environnementales performantes et grâce au savoir-faire de ses salariés et à son activité de recherche, Veolia Environnement contribue à lutter contre les pathologies environnementales. Veolia Environnement est partenaire du « Quotidien du médecin » depuis quatre ans dans les clubs Santé Environnement, qui permettent d’ouvrir des débats entre experts, médecins et pharmaciens sur les enjeux de la santé environnementale. La contribution de Veolia Environnement au prix Epidaure vise à encourager la recherche dans un domaine encore trop négligé en France, et qui pourtant est déterminant pour la santé des générations actuelles et futures.
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