La mobilité est une idée ancienne à l’hôpital. Depuis l’avènement des PC portables, les établissements avaient commencé à équiper les professionnels de santé d’outils nomades permettant à chacun d’eux d’accéder aux données du patient, au pied de son lit. La banalisation du réseau sans fil a contribué à renforcer cette tendance. Selon Emmanuel Canès, responsable du secteur santé chez Dell, l’avancée du nomadisme dans la banche santé est dictée par des besoins fonctionnels et réglementaires. « Dans le premier cas, l’industrialisation des données pousse à ramener la saisie des informations non pas en salle de soins mais au lit du patient ; l’objectif est d’asseoir un suivi et une traçabilité efficaces. Dans le second cas, le décret de confidentialité introduit une notion d’authentification personnalisée. »
Différentes formes de mobilité
Face à ces exigences, comment se comportent les hôpitaux ? Ils adoptent la mobilité sous différentes formes. Les tablettes PC en sont une et n’ont pas attendu l’arrivée des iPad pour se déployer dans les établissements. Leurs avantages : ils sont généralement simples d’utilisation et accessibles à des tarifs abordables. Inconvénient principal, les applications conçues pour les postes fixes doivent être redéveloppées dans une logique de mobilité. Autre solution, les terminaux multimédias. Après une première phase de tests sur le terrain, elles ont trouvé leur place dans la chambre du patient. Selon Emmanuel Canès, « ces outils proposent différents services applicatifs, y compris des outils métiers. Ces derniers ne sont pas réellement taillés pour un tel environnement qui pose également des problèmes de sécurité d’accès aux données médicales ». Enfin, le PC équipé d’un client léger et intégré sur un chariot a également su trouver sa place dans l’univers de la mobilité hospitalière. Ces variantes sont aujourd’hui présentes dans les établissements, certains n’hésitant pas à jouer la carte de la diversification, les tablettes côtoyant des chariots et des terminaux multimédias. C’est le cas du centre hospitalier de Douai. Outre des chariots, Il a déployé des tablettes Move depuis deux ans. L’objectif est de faciliter l’accès à l’information, en toute sécurité. « Car là où ces supports sont laissés dans les couloirs avec le risque que des personnes non habilitées aient accès aux données patients, les utilisateurs de tablettes entrent avec leur matériel dans la chambre du malade », explique Philippe Huddlestone, directeur général adjoint. Fort de ce constat, l’établissement a généralisé l’utilisation de cette technologie à tous ses services, de ceux de soins à la logistique, en passant par le bionettoyage. Au total, 80 postes y sont en circulation. Mais, précise le directeur général adjoint, chaque praticien a recours au matériel qui lui convient le mieux.
Ergonomie
Le choix de la solution Move a été dicté par la qualité de son ergonomie et les différents équipements périphériques qu’il propose : lecteur de code à barres, appareil photo, etc. Du reste, l’expérience du CH de Douai apporte différents enseignements. L’un des plus intéressants ? « Les moins jeunes, considérés comme réfractaires à ces technologies, réagissent parfois positivement. Un de nos cardiologues considère la tablette comme très pratique pour son métier. Il a tout entre ses genoux et peut échanger en toute convivialité avec son patient. »
Face à la montée en puissance de la mobilité, les fournisseurs de SIH adaptent leurs outils à cet environnement. C’est le cas de Cerner. L’éditeur américain a mis au point une version itinérante de son offre Millennium. Elle est en test outre-Atlantique, dans un système d’exploitation IOS d’Apple. L’utilisateur peut y visualiser différentes fonctions : l’agenda, l’imagerie médicale. Et procéder à la dictée numérique. À terme, la prescription y sera accessible. Cette solution devrait être disponible de ce côté-ci de l’Atlantique au courant de l’année prochaine. « Notre objectif est de permettre à nos clients d’accéder à leur SIH d’un ordinateur standard à un équipement mobile, sans dégradation de l’IHM* », explique Arnaud Wilmet, directeur médical de Cerner France. Chez Dell, la solution proposée porte le nom de MCC. Elle a été testée dans différents établissements. Point commun entre toutes ces solutions nomades, l’efficacité qu’elles introduisent dans la prise en charge du patient. Pourtant, certains praticiens préfèrent désormais utiliser leurs outils personnels en milieu professionnel. Cette pratique dite Byod reste toutefois pour l’heure marginale.
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