L'AMERICAN DIABETES ASSOCIATION a récemment abaissé la norme de la glycémie à jeun de 1,10 g/l à 1 g/l pour définir une intolérance au glucose. Et cette modification s'est répercutée sur la définition du syndrome métabolique. Dès lors, il importait de mesurer l'impact de cette évolution sur la possibilité d'utiliser ce critère comme facteur prédictif de la survenue d'un diabète. Tel était l'objectif d'un travail iranien, présenté par A. Etemadi (Téhéran). Près de 4 000 adultes ont été suivis sur une durée de 1 à 4 ans (jusqu'en 2003). Au début de l'étude, la définition du syndrome métabolique reposait sur la présence d'au moins trois des critères suivants : obésité abdominale, hypertriglycéridémie, hypoHDL cholestérolémie, HTA et glycémie à jeun supérieure à 1,10 g/l. Ce dernier item a ensuite changé, le seuil étant passé à 1 g/l. La définition du diabète était une glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/l ou une glycémie 2 heures après le repas > 2 g/l. Les auteurs ont comparé les valeurs prédictives de l'ancienne et de la nouvelle définition du syndrome métabolique sur le risque de survenue d'un diabète de type 2. Sur un suivi moyen de 3,1 ans, 8 % des syndromes métaboliques « ancienne définition » et 8,3 % des syndromes métaboliques « nouvelle définition » avaient évolué vers un diabète. Le risque de devenir diabétique était multiplié par 3,1 en cas de syndrome métabolique « ancienne définition » et par 4,2 en cas de syndrome métabolique « nouvelle définition ». La nouvelle définition a donc une meilleure sensibilité prédictive (67,5 % vs 58,1 %) mais une moins bonne spécificité (69,8 % vs 72,4 %) que l'ancienne.
Si on considère le critère de la glycémie à jeun seul, le seuil de 1,10 g/l a une sensibilité de 27,4 % et une spécificité de 97,1 %, alors que le seuil de 1 g/l a une sensibilité de 63,2 % et une spécificité de 85,9 %. Le risque de développer un diabète est multiplié par 12 pour une glycémie à jeun > 1,10 g/l et par 9,5 pour une glycémie à jeun > 1 g/l.
Un risque multiplié par 4,5 en cas d'antécédents familiaux.
Un travail israélien de l'équipe de A. Tsur (Jérusalem) est arrivé aux mêmes conclusions. Les auteurs ont constaté que 12 % des patients qui avaient une glycémie à jeun comprise entre 1 et 1,05 g/l ont développé un diabète dans les trois ans, alors que cela a été le cas de 16,7 % de ceux qui avaient une glycémie à jeun comprise entre 1,06 et 1,10 g/l.
Pour sa part, P. J. Lecomte (Tours) a présenté les résultats d'un travail portant sur 743 hommes dont la glycémie à jeun était comprise entre 6,1 et 6,9 mmol/l (1,10 et 1,20 g/l) lors d'un premier bilan. Cinq ans plus tard, 17 % des hommes étaient devenus diabétiques, 44 % avaient retrouvé une glycémie à jeun normale et 39 % gardaient un taux trop élevé. Le risque de développer un diabète était multiplié par 4,5 chez les hommes ayant des antécédents familiaux de diabète, par 3,4 chez ceux en surpoids (IMC > 25 kg/m2), par 2,9 lorsque le tour de taille était supérieur à 89 cm, par 2,8 si la triglycéridémie était > 2 g/l et par 1,9 s'ils avaient une mauvaise hygiène alimentaire. Par ailleurs, les patients qui étaient devenus diabétiques avaient moins bien corrigé leur sédentarité et leurs habitudes alimentaires que ceux qui étaient parvenus à retrouver une glycémie à jeun normale. Ce travail a le mérite, non seulement de confirmer l'augmentation du risque de développer un diabète chez les patients ayant une intolérance au glucose, mais aussi de dégager d'autres facteurs de risque additionnels, comme les antécédents familiaux, l'hypertriglycéridémie, la sédentarité et de mauvaises habitudes alimentaires.
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