LA MOBILISATION contre la franchise sur les soins, mesure de «responsabilisation des assurés» que le gouvernement veut inscrire dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) pour 2008, commence à prendre forme.
En «complément» de la pétition déjà lancée par des acteurs de la santé, et qui a recueilli à ce jour plus de 47 200 signatures, une quarantaine d'associations, syndicats ou collectifs de soignants, du monde médico-social ou mutualiste, représentants des usagers de la santé, de retraités ou de familles, viennent cette fois de signer un appel antifranchise pour «la défense de l'accès aux soins». Une opérationorganisée à l'initiative du Syndicat de la médecine générale (SMG), du collectif des médecins généralistes pour l'accès aux soins (Comegas, qui regroupe une cinquantaine de praticiens), de l'Union fédérale Sud Santé Sociaux et de l'Union syndicale de la psychiatrie (USP). Parmi les signataires de cet appel, on retrouve également, côté professionnels, l'Association nationale des médecins référents (Amedref), l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) ou encore le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (Snjmg). Les syndicats Sud et FSU ou encore la Ligue des droits de l'homme sont aussi de la partie.
Tous dénoncent le projet gouvernemental de franchises sur les premiers euros annuels dépensés en consultations, examens biologiques, médicaments ou hospitalisations dont Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a promis qu'il serait «accompagné des exonérations nécessaires pour tenir pleinement compte des situations sociales très dégradées». Les conditions exactes de la mise en oeuvre de la réforme ne sont pas arrêtées.
Culpabilisation.
Pour Didier Ménard, président du SMG, médecin généraliste à la cité des Francs-Moisins de Saint-Denis (93), cette mesure serait de toute façon économiquement inefficace pour contenir les dépenses et les déficits. «Les nombreux forfaits mis en place ces dernières années n'ont pas empêché l'accroissement des dépenses et le déclenchement récent du comité d'alerte (sur les dépenses maladie). » Et d'inviter l'Etat À commencer à payer sa dette de 5,1 milliards d'euros à la Sécurité sociale. Un système de franchises médicales serait surtout dangereux pour la santé publique en poussant nombre de patients à renoncer aux soins de première ligne (y compris sur le plan psychique) et à la prévention. «On est en train d'instiller un poison en culpabilisant les malades présentés comme des irresponsables, analyse Didier Ménard. En ajoutant un obstacle à l'accès aux soins, on va dissuader les patients de se faire soigner pour des maladies apparemment peu sévères mais qui s'aggraveront et on aura davantage de pathologies lourdes et coûteuses.»
Si les initiatives contre la franchise ont surgi en ordre dispersé, de nombreuses voix s'élèvent désormais pour organiser un front unitaire et une «riposte citoyenne» en septembre. «Nous voulons construire une grande initiative publique, avec un mouvement d'opinion le plus large possible, à la rentrée», confirme Pierre Khalfa, secrétaire national de l'Union syndicale Solidaires.
Le débat sur la franchise risque de rebondir dans les prochains jours si le plan d'économies auquel la Cnam met la dernière main (en réponse à l'intervention du comité d'alerte) prévoit des mesures de pénalisation financière des assurés.
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