AU COURS du mois de mai, pour la première fois en France, une fillette a pu être traitée par protonthérapie, sous anesthésie générale. L’irradiation a été réalisée au centre de protonthérapie de l’Institut Curie, à Orsay (Essonne), grâce à l’installation d’une unité d’anesthésie, dans le cadre du plan de rénovation du centre. La fillette de deux ans ainsi traitée est atteinte d’un rhabdomyosarcome de l’orbite.
Un positionnement au millimètre.
Il faut savoir que jusqu’à présent, les enfants de moins de 4 ans relevant de la protonthérapie étaient adressés soit à Boston (Etats-Unis), soit à Villigen (Suisse). En effet, cette forme de radiothérapie ultraprécise nécessite un positionnement au millimètre. Il est obtenu grâce à l’utilisation d’un masque de contention et d’un fauteuil robotisé. L’installation du patient (adulte ou enfant) nécessite une vingtaine de minutes au cours desquelles il est bloqué sous un masque et ne doit aucunement bouger. Une telle immobilité n’est pas envisageable chez un enfant de moins de quatre ans, même sous sédatifs. C’est la raison pour laquelle les très jeunes patients français étaient adressés à l’étranger, dans des centres incluant une structure d’anesthésie.
La protonthérapie est une radiothérapie conformationnelle qui permet d’irradier avec précision et fiabilité des tumeurs situées à proximité d’organes sensibles, comme le nerf optique ou certaines zones du cerveau. Elle limite au maximum l’irradiation des tissus sains et donc le risque de séquelles. De ce fait, elle est parfaitement adaptée au traitement de tumeurs pédiatriques. C’est une indication de choix pour le traitement de tumeurs rares et de certains rhabdomyosarcomes du massif facial, comme dans le cas de la « première » française.
Réduire les séquelles à long terme.
Les rabdomyosarcomes sont les tumeurs mésenchymateuses malignes les plus fréquentes (de 60 à 70 %). Elles se développent aux dépens des cellules musculaires striées et s’observent dans un quart des cas environ, au niveau de la tête et du cou. Leur traitement associe chimiothérapie, chirurgie et, dans certains cas, une radiothérapie locale. Chez cette fillette, l’irradiation très ciblée devrait permettre de réduire la dose délivrée au niveau des yeux et des os du visage. L’espoir est de réduire les séquelles à long terme.
En ce qui concerne les autres tumeurs justiciables d’une protonthérapie, on peut citer :
– les chordomes, tumeurs rares à malignité locale, qui peuvent se développer au niveau de la base du crâne. Leur croissance lente est révélée par des signes compressifs ;
– les chondrosarcomes, d’origine cartilagineuse. Comme les chordomes, ils requièrent une irradiation élevée apportée par la protonthérapie ;
– les médulloblastomes qui atteignent la partie postérieure de l’encéphale. Les 60 cas annuels touchent essentiellement les trois à huit ans ;
– les gliomes, tumeurs de l’encéphale et de la moelle épinière, naissent dans les couches profondes du cerveau. Ils s’étendent en s’infiltrant et comprimant le tissu cérébral sain ;
– les craniopharyngiomes, enfin, touchent l’hypophyse. Ils représentent 15 % des tumeurs cérébrales de l’enfant. Ils occasionnent des céphalées, des vomissements et des troubles de la vue d’origine compressive. Ils associent une insuffisance de sécrétion des hormones hypophysaires.
Le centre de protonthérapie de l’Institut Curie est au premier plan mondial avec 3 000 patients traités depuis son ouverture en 1991. Grâce à son unité d’anesthésie, une dizaine d’enfants pourront être traités annuellement. D’ici à deux à trois ans, ce nombre pourra être porté à une vingtaine.
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