UNE EQUIPE texane développe actuellement une stratégie thérapeutique visant à faciliter la réparation des lésions myocardiques. Ces chercheurs ont découvert que la thymosine bêta 4 a non seulement la capacité de stimuler la migration des cardiomyocytes et des cellules endothéliales, mais a aussi la propriété d'augmenter la survie des cellules cardiaques.
En administrant cette protéine à des souris qui venaient de subir une ligature d'une coronaire, Bock-Marquette et coll. ont constaté que la protéine améliore significativement les fonctions cardiaques des animaux atteints, notamment en favorisant la survie des cellules du tissu cardiaque.
Diverses observations suggèrent l'existence d'une population de cellules souches cardiaques qui contribuerait au maintien des cardiomyocytes dans des conditions physiologiques normales. Cependant, ces cellules souches ne semblent pas capables de promouvoir la réparation du tissu cardiaque dans une situation pathologique.
Des cellules souches cardiaques.
De nombreuses équipes de recherche se sont attelées à la mise au point de thérapies visant à améliorer la fonction myocardique et/ou à réparer les tissus cardiaques lésés. Ces stratégies sont fondées généralement sur l'isolement de cellules souches cardiaques qu'il serait possible de multiplier in vitro et de réinjecter aux malades.
Bock-Marquette et coll. ont choisi d'aborder le problème selon un angle tout à fait différent : ils recherchent un moyen permettant de stimuler la capacité intrinsèque des cellules souches cardiaques à réparer les lésions myocardiques. Dans ce but, les chercheurs étudient les voies de régulation impliquées dans le développement embryonnaire du tissu cardiaque. L'idée est d'arriver à identifier des voies de signalisation impliquées dans la différenciation des cellules souches cardiaques, dont la réactivation à l'âge adulte favoriserait la réparation du système cardio-vasculaire.
Cette démarche a conduit l'équipe texane à s'intéresser à une protéine essentielle à la morphogenèse cardiaque, la thymosine bêta 4. La protéine est connue pour agir sur l'organisation du cytosquelette intracellulaire en séquestrant des monomères d'actine G. Cette propriété lui confère un rôle dans la mobilité cellulaire et l'organogenèse. Mais la thymosine bêta 4 pourrait également intervenir dans d'autres processus biologiques en influençant l'expression de certains gènes via son action sur l'actine nucléaire. Chez l'adulte, la protéine participe à la cicatrisation de la cornée et de la peau ainsi qu'à l'angiogenèse. Cependant, son rôle dans la cicatrisation des organes était jusqu'ici resté hypothétique.
Au travers de l'étude aujourd'hui présentée dans « Nature », Bock-Marquette et coll. lèvent ce doute en démontrant que la thymosine bêta 4 peut faciliter la réparation du tissu cardiaque.
Une kinase impliquée dans la survie cellulaire.
Les chercheurs ont démontré que la protéine agit alors en complexe avec deux autres protéines, PINCH et ILK (Intregin-Linked Kinase). Ce complexe conduit à la phosphorylation de la protéine kinase B (Akt), une kinase impliquée dans la survie cellulaire.
L'effet cardioréparateur obten in vivo chez la souris est suffisamment encourageant pour qu'on puisse maintenant espérer développer une utilisation thérapeutique de la thymosine bêta 4.
I. Bock-Marquette et coll., « Nature » du 25 novembre 2004, pp. 466-472.
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