De notre correspondante
à New York
Le segment distal d'un nerf lésé subit normalement en un à deux jours une dégénérescence dite wallérienne. Ce type de dégénérescence axonale joue un rôle causal important non seulement dans le traumatisme de la moelle épinière, mais aussi dans de nombreuses affections neurologiques, comme la SLA, la SEP et les neuropathies toxiques.
Les premiers événements que l'on peut observer dans la dégénérescence wallérienne surviennent au sein même de l'axone, tandis que les phénomènes plus tardifs font intervenir des réactions d'autres types cellulaires comme les cellules de Schwann et les macrophages.
Axones : survie de plusieurs semaines chez la souris WldS
On ignore quel est le mécanisme de cette dégénérescence axonale, mais on sait qu'il est clairement distinct de celui de la dégénérescence des corps cellulaires des neurones.
Une souris mutante (gène WldS), identifiée il y a dix ans, possède l'extraordinaire avantage d'être protégée de la dégénérescence wallérienne rapide. Ses axones du système nerveux central et périphérique survivent plusieurs semaines après section et sont aussi protégés de la toxicité de la vincristine. Le mécanisme protecteur reste inconnu.
On peut toutefois supposer plusieurs choses : il existe dans les axones de cette souris un facteur protecteur inconnu ; cela suggère aussi que la dégénérescence wallérienne est un processus actif, et non passif comme on le pensait, qui élimine les axones endommagés. On comprend qu'un intérêt considérable se soit attaché à l'identification du gène Wlds, lequel pourrait ouvrir une voie à des stratégies neuroprotectrices.
Un gène chimérique
Une équipe de chercheurs allemands, italiens et anglais, dirigée par le Dr Michael Coleman (université de Cologne, Allemagne), a maintenant identifié le gène Wlds protecteur. C'est un gène chimérique qui contient la terminaison 5 du gène Ube4b et le gène Nmnat.
Pour s'assurer que ce gène chimérique est bien le gène Wlds, les chercheurs ont créé des souris transgéniques qui expriment le gène Ube4b/Nmnat. Effectivement, ces souris transgéniques présentent bien un ralentissement de la dégénérescence wallérienne. La protéine Wld est détectée dans le noyau des neurones, mais pas dans les axones ni dans les cellules de Schwann, ce qui indique un mécanisme protecteur indirect. D'autres facteurs d'aval pourraient médier l'effet protecteur sur l'axone, proposent les chercheurs. La protéine Wld protège l'axone d'une façon dose-dépendante et possède une activité enzymatique Nmnat.
Des stratégies neuroprotectrices
« Par conséquent, la protection axonale pourrait être le résultat d'une altération de l'ubiquitination ou du métabolisme du nucléotide pyridine », concluent les chercheurs. « Ces résultats ouvrent la voie à une compréhension moléculaire de la dégénérescence wallérienne ainsi qu'à des stratégies neuroprotectrices dont on a grand besoin, ciblant non seulement le corps cellulaire mais aussi les axones et les terminaisons synaptiques. »
« Nature Neurosciences » du 19 novembre 2001, DOI : 10.1038/nn770.
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