LA CHAPERONINE 10, qui est aussi nommée protéine de choc thermique 10, est une protéine mitochondriale, connue jusqu’ici pour son activité de repliement intracellulaire, en association avec la protéine de choc thermique 60. La chaperonine 10 semble avoir un rôle dans la modulation de la réponse immunitaire innée. On sait déjà qu’elle a des propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices à travers une voie dite TLR (Toll-Like Receptors), liée aux réponses immunitaires et inflammatoire. Les TLR sont des récepteurs de signaux de danger qui font appel au système immunitaire inné et adaptatif. Ils sont une source de signaux pro-inflammatoires primaires, principalement le TNF alpha et l’interleukine 1. Les TLR, exprimés sur des cellules immunitaires ou non, sont mis en cause dans différentes maladies inflammatoires à composante immunitaire, telle la polyarthrite rhumatoïde. La chaperonine 10 inhibe la signalisation des TLR en bloquant les récepteurs médiés par les protéines de choc thermique 60 (d’où le lien entre ces deux protéines).
Il est apparu tentant d’explorer les propriétés de la chaperonine 10 dans cette affection rhumatologique. Daina Vanags et coll. (Australie) ont posé la question : cette molécule est-elle suffisamment efficace et sûre pour un abord thérapeutique de la polyarthrite rhumatoïde ? Ils ont cherché une réponse en entreprenant une étude de phase I/IIb en double aveugle chez 23 patients. Ces patients souffrant d’une polyarthrite rhumatoïde d’intensité modérée à sévère recevaient par ailleurs un traitement classique contre leur maladie.
Deux injections par semaine.
On a ajouté la chaperonine 10 pendant trois mois, à raison de deux injections par semaine.
Les résultats sur une cotation de l’activité de la maladie à l’aide de l’échelle DAS28 de l’American College of Rheumatology et en intention de traiter montrent un effet positif. A partir de J14, dans les différents groupes soumis à des dosages différents (5 mg, 7,5 mg ou 10 mg deux fois par semaine), l’échelle fait apparaître une amélioration, qui s’est poursuivie jusqu’au bout de l’étude.
A la fin du suivi, il existe dans le groupe qui a eu le plus fort dosage de chaperonine 10 une amélioration de 50 % chez six patients (86 %), de 50 % chez quatre autres (57 %) et de 70 % chez deux autres (29 %).
Un score au DAS28 inférieur à 2,6 définit une rémission clinique de la polyarthrite. Cette rémission a été enregistrée chez trois patients parmi 23 (13 %). Il y eut trois perdus de vue.
L’effet secondaire le plus fréquent a été une exacerbation de la polyarthrite rhumatoïde et l’apparition d’une infection respiratoire haute.
Ces résultats sont semblables à ce qui est obtenu par les traitements qui reposent sur le blocage des cytokines, avec des effets secondaires légers, soulignent les auteurs. Même si le protocole de cette étude préliminaire rend difficile la comparaison entre la chaperonine 10 et les agents anti-TNF.
L’efficacité de la protéine de choc thermique 10 pourrait être liée à son aptitude à inhiber la voie de signalisation des TLR par une action sur plus d’un type cellulaire. Et, de ce fait, elle rompt les liens de cohésion du réseau qui sous-tend l’inflammation dans le tissu synovial.
«La nouveauté dans le travail de Vanags et coll. est qu’ils montrent qu’une petite protéine atypique est efficace pour contrôler une maladie inflammatoire non infectieuse en bloquant une voie inflammatoire essentielle dans le processus.»
« Proc Natl Acad Sci USA », 2 septembre 2006, vol. 368, pp. 855-863, et éditorial, pp. 821-822.
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