« L'EMBOLISATION, technique conservatrice, non invasive, simple, efficace et sûre, aux avantages nombreux et indiscutables sur la chirurgie, ouvre une ère nouvelle dans le traitement des léiomyomes utérins. Elle remet en cause le bien-fondé des pratiques thérapeutiques actuelles et ouvre la porte au traitement préventif de fibromes de taille encore réduite, mais dont le développement rapide nécessitera, deux à trois ans plus tard, le recours à une intervention chirurgicale. » C'est ainsi que le Pr Jacques-Henri Ravina concluait, la semaine passée, sa communication à l'Académie de médecine.
Il rapportait les données d'un travail mené sur l'embolisation des fibromes symptomatiques de volume modéré. Les résultats remarquables de cette technique, déjà enregistrés dans le monde et confirmés par cette étude sur cent femmes, l'incitent, ainsi que ses collaborateurs, à dépasser le stade thérapeutique pour envisager la prévention.
Il explique : « Les recommandations actuelles précisent que seuls les fibromes symptomatiques doivent être traités, ce qui revient à traiter tôt les myomes à symptomatologie précoce et à traiter tard ceux dont la symptomatologie est en relation avec le volume. »
L'étude menée en collaboration avec A. Aymard, N. Ciracu et J.-J. Merland a porté sur 100 femmes enrôlées entre janvier 1999 et décembre 2002. Porteuses d'un fibrome symptomatique, d'un diamètre inférieur à 50 mm, elles ont été traitées par embolisation artérielle avec des particules de 350 à 900 μ. Entre six et douze mois plus tard, cinq échecs ont été constatés, et les symptômes avaient disparu chez toutes les autres patientes. Les fibromes ont perdu 70 % de leur volume à un an et cinq grossesses ont été enregistrées (trois naissances).
Cinq cas de ménopause précoce.
Au chapitre des complications, elles ont été rares. Le Pr Ravinat rapporte surtout cinq cas de ménopause précoce, dont quatre chez des patientes en préménopause (plus de 44 ans). Cette complication serait due, entre autres, à des variantes anatomiques de la vascularisation ovarienne. En outre, depuis 1999, l'équipe n'en a plus relevé, alors même que la durée d'injection des particules a diminué.
La communication s'achève sur une schématisation de prise en charge préventive. « Ce n'est pas parce qu'un fibrome est diagnostiqué, qu'il est nécessaire de le traiter. En revanche, il sera possible de connaître son potentiel de croissance, son temps de doublement et de prévoir son devenir... Le temps de doublement des fibromes symptomatiques ou de ceux qui récidivent est en moyenne de l'ordre d'un an, de six mois pour les plus évolutifs. Mais la plupart évoluent plus lentement, beaucoup apparaissent quiescents et ne nécessitent aucun traitement. » Le rôle du médecin serait de conseiller la patiente en fonction de son âge, de ce temps de doublement, de la taille. Il serait ainsi possible sur un suivi évolutif, sans urgence, de proposer l'attente chez une femme proche de la ménopause, ou l'embolisation préventive chez une femme encore jeune évitant, deux, trois ou quatre ans plus tard, une intervention plus lourde.
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