QUE L'ON SE REFERE à la bibliographie ou à des médecins du travail, les pathologies premières rencontrées chez les déménageurs se nomment « troubles musculo-squelettiques ». Selon Michel Aptel, dans le chapitre de « Médecine et risque au travail »* consacré à ces affections, ils concernent « tous les segments corporels permettant à l'homme de se mouvoir et de travailler. Mais le segment lombaire de la colonne vertébrale et le membre supérieur sont les plus fréquemment atteints. » L'auteur y ajoute que « c'est la dose de sollicitation qui génère le risque ».
Les lombalgies prédominent donc au sein des rachialgies. Mais si on évoque spontanément la tendinopathie de la coiffe des rotateurs et l'épicondylite parmi les pathologies des membres supérieurs, il ne faut pas négliger le syndrome du canal carpien.
Des conditions souvent difficiles.
Le Dr Le Provost, de l'Association interentreprises de médecine du travail (Aimt) d'Ille-et-Vilaine, rappelle que la prévention de ces pathologies repose, en premier lieu, sur une réduction des charges de manutention. Certes, les déménageurs utilisent de plus en plus des systèmes mécaniques extérieurs qui évitent de gravir les étages, mais ils doivent continuer de porter des charges dans des conditions souvent difficiles. Prévention aussi par un rythme de travail avec des plages de repos aménagées. Mais quelle petite entreprise de déménagement peut limiter son rythme de travail, dans le secteur concurrentiel actuel ? Prévention, enfin, par l'apprentissage des « gestes et postures spécifiques » adaptés à la tâche. A titre d'exemple, l'observateur extérieur est toujours étonné de voir un individu apparemment fluet manipuler de lourdes charges.
Deux ordres de pathologies moins connues ou moins évidentes doivent être rapportées. Tout d'abord, la notion de stress que révèle le Dr Tortelier (Aimt du 35). Le déménageur est soumis à la crainte d'abîmer ce qu'il transporte. Il ajoute que, selon son expérience, les professionnels n'en semblent pas toujours conscients.
Denier risque du déménageur, celui de l'alcoolisme. Le précis du « Médecine du travail »** en fait état. Ce risque déjà mentionné dans les mêmes termes dans des éditions antérieures mériterait peut-être d'être réévalué.
* « Médecine et risque au travail », de P. Catilina, M.-C. Roure-Mariotti, Masson, 2002.
** « Précis de médecine du travail », de H. Desoille, J. Scherrer, R. Truhaut, 6e édition, Masson 1991.
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