LA QUESTION DU TFR (Tarif forfaitaire de responsabilité), mis en place par Jean-François Mattei, alors ministre de la Santé, pour faire décoller le marché des génériques, et qui consiste à rembourser au même prix le princeps et ses copies génériques (1), est examinée de près par les pouvoirs publics.
Le comité de suivi des génériques, instance du Ceps (Comité économique des produits de santé) s'est en effet réuni la semaine dernière, avec au programme l'application éventuelle d'une nouvelle vague de TFR. Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé, avait en effet annoncé au mois d'août dernier que le TFR s'appliquerait si, après environ un an de présence au sein du répertoire générique, « la part de marché en volume des génériques n'atteint pas 50 %, voire 60 % (en volume, Ndlr) pour les molécules à fort chiffre d'affaires pour lesquelles la montée du générique est naturellement plus rapide ».<\!p>Dont acte. Les syndicats de pharmaciens ont fait valoir, au cours de cette réunion, que certaines molécules, entrant a priori dans le champ délimité par le ministre, ne devaient pas être concernées par la mesure, dans la mesure où l'offre générique reste parfois très limitée (peu de génériqueurs ont fabriqué une copie du princeps tombé dans le domaine public), ou bien encore dans le cas où l'offre générique est arrivée tardivement sur le marché (pour certaines molécules, l'offre générique est arrivée plusieurs mois après la l'entrée du princeps dans le domaine public).
Selon Claude Japhet, président de l'Unpf (Union nationale des pharmaciens de France), « aucune liste complète n'est pour le moment disponible au sujet de ces molécules qui, selon nous, devraient échapper au TFR, car chacun est arrivé avec sa liste. De toute façon, chacun a fait valoir ses arguments. Noël Renaudin (président du Ceps, Ndlr) va maintenant trancher et il n'y aura pas d'autre réunion. Nous serons seulement informés de sa décision ».
Cependant, Claude Japhet indique qu'un antibiotique, l'Oflocet, avait été cité par de nombreux syndicalistes d'officine, car il atteint actuellement une part de marché de 40 %, mais devrait faire des progrès significatifs dans les prochaines semaines. Même chose pour une progestérone, actuellement à 48 %, mais qui n'était qu'à 22 % il y a six mois.
A l'association Gemme, qui regroupe l'ensemble des laboratoires pharmaceutiques spécialisés dans le générique, le président Philippe Ranty est un peu déçu : « Quand on analyse mois par mois la tendance et le résultat de la pénétration des génériques, on s'aperçoit que, un an après leur mise sur le marché, très peu de molécules franchissent le cap des 60 %, fixé par Philippe Douste-Blazy. Quant à la tendance, on ne voit pas de vraie accélération. » Pas étonnant, semble-t-il dire en substance, que, dans ces conditions, le TFR pointe son nez. L'association Gemme a constitué à cet effet une liste de 38 molécules susceptibles, selon elle, de se retrouver dans le collimateur du Ceps, à l'heure de prendre sa décision sur les TFR.
Aucune décision n'est prise.
Au Ceps, Noël Renaudin n'est guère prolixe : « Aucune décision n'est prise pour le moment ; nous avons entendu les génériqueurs et les syndicats d'officinaux, leur philosophie est que moins il y a de TFR, plus ils sont contents, ce que je comprends fort bien. » Selon Noël Renaudin, la date d'entrée en application n'est pas non plus encore fixée ; il veut en effet que cela occasionne « le moins de gêne possible » pour les fabricants et les officinaux. Même chose pour le nombre de molécules concernées, et pour le montant auquel sera fixé le tarif forfaitaire. Mais en ce qui concerne la date d'entrée en vigueur du TFR, Noël Renaudin indique que « la date parfois annoncée de fin février me paraît un peu trop proche ».
(1) Depuis qu'ils ont obtenu, en 1999, le droit de substituer auprès du patient un médicament princeps par son équivalent générique, les pharmaciens bénéficient d'un « bonus » leur permettant de vendre un générique (moins cher que le princeps) avec la même marge que s'il s'agissait d'un princeps. Quand le TFR s'applique, les pharmaciens bénéficient de marges moins élevées, ce qui les incite à substituer pour éviter son entrée en vigueur.
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