Autistes adultes

Une prise en charge humaine

Publié le 02/07/2006
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EN 2004, LA FRANCE a été condamnée par le Conseil de l’Europe pour violations des obligations qui lui incombent à l’égard des personnes autistes. En prenant connaissance de ce jugement, le photographe de presse Arnaud Robin décide d’enquêter sur le quotidien des adultes autistes. Durant un an, il a passé une semaine par mois dans un centre de vie qui accueille une cinquantaine d’autistes adultes, saisissant avec son objectif le quotidien de ces adultes, leurs angoisses et leur détresse mais aussi les instants de joie partagés avec leurs éducateurs et les autres résidents du centre.

Il en résulte un beau livre, aux images fortes, entrecoupées de témoignages de parents et d’éducateurs. Ils confient la difficulté «d’aimer un enfant autiste, qui vous mord, vous griffe, vous réclame tout le temps et se montre absolument tyrannique. Un enfant qu’il faut apprendre à aimer autrement». Ils racontent «le regard des gens qui fait mal et pousse à l’isolement pour pouvoir continuer à vivre. Un regard au final plus douloureux que de s’occuper d’un handicapé».

L’ouvrage d’Arnaud Robin souligne l’engagement très fort des éducateurs qui partagent la vie de ces adultes. «Avec les autistes, on ne peut pas tricher. On est dans l’obligation de retrouver une certaine humilité au quotidien», confie l’un d’eux.

Petits bonheurs.

Il ne cache pas les crises d’angoisse, le repli sur soi et l’autoagressivité qui font souvent partie de la vie des autistes mais, au milieu de ces scènes dramatiques, surgissent de temps à autre des petits bonheurs : un moment de tendresse avec l’éducateur, une sortie à la mer ou les retrouvailles avec les parents.

Alors que beaucoup d’adultes autistes sont relégués dans les hôpitaux psychiatriques, faute de places dans des structures adaptées, cet ouvrage plaide pour une prise en charge plus humaine de «ces milliers de personnes qui mènent quotidiennement un combat méconnu et singulier».

« Avoir 30 ans et être autiste », Arnaud Robin, Editions de l’Encre vive (71, bd Montebello, 59000 Lille, 02.20.50.12.84), 29 euros.

> FLORENCE QUILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7991