LE DIAGNOSTIC de dépression majeure caractérisée repose sur la présence depuis plus de 15 jours de 5 des 9 critères du DSM-IV parmi lesquels au moins 1 des 2 signes principaux, l'affaiblissement de l'humeur ou l'irritabilité et l'anhédonie, dans un contexte de rupture récente dans le comportement, et sans rapport avec un deuil, une maladie organique ou la prise d'une substance. Les manifestations dépressives légères, en revanche, se définissent par l'existence d'au moins 2 (au maximum 4) de ces 9 signes, la présence d'un des deux symptômes principaux n'étant pas obligatoire ; cette définition élargit donc considérablement le spectre de ces dépressions dites mineures et complique d'autant le diagnostic. L'interrogatoire attentif montre qu'il existe un inconfort personnel, qui retentit de façon non négligeable au niveau familial et socioprofessionnel et doit être pris en compte.
Cette symptomatologie doit être distinguée d'autres troubles dits mineurs, comme les troubles de l'adaptation avec élément dépressif, dont les manifestations peuvent être identiques, mais sont sous-tendues par une cause apparente et une notion de stress ; les deux troubles peuvent néanmoins être associés. La durée des symptômes permet de distinguer les épisodes dépressifs mineurs de la dépression brève récurrente, crises de dépressions majeures disparaissant spontanément en 2 à 15 jours et des dépressions dysphoriques, dont la symptomatologie est très proche, mais qui durent depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. L'absence de signes même discrets d'excitation élimine les troubles cycliques.
Majeurs ou mineurs, la surveillance s'impose.
On peut parfois confondre ces manifestations dépressives légères avec les prodromes d'une dépression majeure. Le suivi attentif de ces patients permettra de repérer le passage à une dépression majeure devant une aggravation des signes ou l'apparition d'une tristesse pathologique, d'une perte de plaisir ou d'un désintérêt.
Il peut être aussi difficile, lorsque les troubles de l'humeur, le désintérêt ou l'anhédonie sont discrets, de distinguer la forme modérée d'une dépression majeure caractérisée d'une dépression mineure au sens strict du terme ; là aussi, la surveillance et l'apparition ou non des symptômes essentiels permettront de préciser le diagnostic.
Ces manifestations dépressives légères témoignent d'une vulnérabilité dépressive qui peut exposer à la survenue ultérieure d'une dépression majeure. « L'anamnèse de patients en dépression majeure peut ainsi rétrospectivement retrouver des antécédents de manifestations dépressives légères », explique le Pr Maurice Ferreri « et on a parallèlement observé que, en cas d'antécédents de dépression caractérisée, la survenue d'une dépression mineure peut annoncer le passage immédiat ou ultérieur à une rechute dépressive majeure ; de même, l'évolution après traitement d'une dépression majeure caractérisée vers une forme de dépression mineure correspond à une régression incomplète de la maladie dont on a bien montré qu'elle ouvre la voie à une rechute dépressive caractérisée. »
Le millepertuis titré standardisé, une option thérapeutique dans les manifestations dépressives légères.
Les possibilités thérapeutiques étaient jusqu'ici restreintes, les antidépresseurs n'ayant pas d'AMM en dehors de la dépression majeure caractérisée et les anxiolytiques n'étant pas efficaces sur la dysfonction thymique. Certains ont pu prescrire des doses filées d'antidépresseurs, mais recourir de façon précipitée aux IRS en dehors du cadre de l'AMM ne semble pas constituer une bonne stratégie. Le traitement de ces troubles dépressifs légers transitoires reposait jusqu'ici uniquement sur la psychothérapie, mais tous les patients ne sont pas assez motivés et disponibles pour l'entreprendre, et c'est dans ce cadre que le millepertuis titré standardisé trouve un intérêt certain. « Le fait qu'il s'agisse d'une plante ne doit pas occulter que c'est un authentique médicament, avec une certaine puissance antidépressive et des conditions de prescription que le médecin doit encadrer. Le suivi reste indispensable pour apprécier l'évolution et adapter éventuellement la thérapeutique », conclut le psychiatre.
D'après un entretien avec le Pr Maurice Ferri (hôpital Saint-Antoine, Paris).
Session : « Manifestations dépressives légères : nouvelles attentes thérapeutiques et réponses adaptées », parrainée par les Laboratoires MEDIFLOR.
Mercredi 19 mars, 14 h 30-16 h. Code B22.
Pour s'inscrire : www.lemedec.com ou secretariat@lemedec.com.
Renseignements : 02.38.90.80.06.
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