La courbe de l'évolution pondérale au cours des premiers mois de la vie conditionnerait la santé ultérieure. Ce que suggèrent deux études américaines parues l'une dans « Pediatrics » et l'autre dans « Circulation ». Aboutissant à des conclusions différentes, mais non contradictoires, elles ont en commun d'avoir analysé les prises de poids d'enfants depuis la naissance et leurs conséquences.
Le travail rapporté par Babette Zemel et coll. dans « Pediatrics » montre un risque majoré de surcharge pondérale à l'âge de 7 ans chez des enfants ayant pris trop rapidement du poids entre la naissance et 4 mois. Ainsi qu'un éventuel surrisque cardio-vasculaire ultérieur. L'enquête, menée par des médecins de Philadelphie, a porté sur les données de 19 000 enfants nés entre 1959 et 1965, quels que soient leurs poids et taille de naissance. Ils ont calculé que même une prise pondérale en excès de 100 g par mois majore le risque de surpoids, à 7 ans, de 25 %. Ainsi un nouveau-né de 3,2 kg pèserait à 4 mois environ 6,4 kg au lieu de 6 kg. Les auteurs rappellent qu'un bébé double son poids de naissance en quatre à six mois. C'est au cours de cette période que se situe la plus grande prise de poids relative de l'enfance.
Deux explications sont possibles à ce constat. La première hypothèse est que dans cette période se développent des mécanismes régulateurs de l'obésité. Des travaux chez l'animal ont montré, dans une situation identique, des modifications définitives de structures cérébrales et de fonctions enzymatiques. La seconde possibilité implique les prémices, dès ce jeune âge, d'une prédisposition génétique à l'obésité, plutôt que l'influence de l'environnement ou de l'alimentation. Les premiers-nés, enfin, et ceux dont la mère est en surpoids, sont également à risque majoré à 7 ans.
Les poids de naissance les plus faibles
Quant au travail présenté dans « Circulation », il porte sur les enfants de petit poids à la naissance. Ici, l'association retrouvée par Catherine Law et coll. (Birmingham, Royaume-uni) porte sur une élévation de la pression artérielle. Les chercheurs ont enrôlé 346 hommes et femmes, de 21 à 24 ans, dont les mensurations avaient été prises à la naissance et au cours des dix premières années de vie. Taille, poids, index de masse corporelle et PA ont été notés lors de l'enquête. Les comparaisons montrent que les prises de poids les plus importantes entre 1 et 5 ans sont associées aux pressions systoliques les plus élevées. Il en va de même pour les poids de naissance les plus faibles, la systolique est majorée de 2,7 mmHg par kilo en moins à la naissance. En revanche, la prise de poids pendant les douze premiers mois n'influe pas sur les chiffres tensionnels. Constat annexe, les plus grandes prises en poids entre 1 et 5 ans majorent le risque de surpoids. Les auteurs ne peuvent expliquer leurs conclusions. Ils y voient peut-être le rôle d'une croissance intra-utérine ralentie ou d'un phénomène de « compensation », se traduisant par une prise pondérale et une croissance accélérées pendant la petite enfance.
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