DANS la population générale, de 25 à 50 % des adultes de 30 à 70 ans présentent des varices - celles-ci étant prononcées dans 10 à 15 % des cas -, de 5 à 15 % ont une insuffisance veineuse chronique et 1 % en sont au stade d'ulcère variqueux. L'apparition des manifestations peut être précoce, parfois même avant l'entrée dans la vie active. Une étude sur des lycéens a ainsi révélé que 10 % d'entre eux avaient des varices discrètes. Le suivi de la même cohorte, revue quatre ans plus tard, a montré que certains avaient développé des varices marquées. Contrairement à une idée courante, les hommes ne sont pas épargnés. Dans la population générale écossaise, par exemple, environ un tiers des femmes (32 %) et une proportion encore plus élevée d'hommes (40 %) ont des varices (1). La prévalence est maximale entre 21 et 60 ans, c'est-à-dire pendant la période d'activité professionnelle.
Les facteurs professionnels impliqués dans cette pathologie veineuse commencent à être un peu mieux étudiés. Si toutes les catégories professionnelles peuvent être touchées, certaines sont particulièrement à risque. Ce sont elles qui ont fait l'objet du plus grand nombre de travaux. Une étude épidémiologique croate montre, par exemple, que les sujets travaillant dans les restaurants et les commerces sont plus fréquemment atteints que les employés de bureau (2). Une différence significative entre ces derniers et les sujets ayant un travail posté debout apparaît également dans une autre étude, réalisée en Italie sur une population masculine (3). Des troubles veineux chroniques ont été observés chez 38,9 % des travailleurs de l'industrie contre 22,11 % chez les travailleurs de bureau. Au sein du personnel des restaurants, une équipe slovaque a constaté la présence de varices des membres inférieurs chez 421 femmes sur 696 (4).
Confection, secteur sanitaire.
D'autres auteurs se sont également intéressés à des populations plus spécifiques telles que les ouvrières en confection. La prévalence des varices chez des salariés travaillant dans une entreprise de confection en Tunisie est de 14 % (5). Elle est trois fois plus élevée parmi les travailleurs en position debout (26,1 %) que chez ceux exerçant en position assise (8,6 %). Les postes de travail les plus affectés sont le repassage (45,5 %) et le contrôle (30 %). En France, dans les PME d'Ile-de-France, la prévalence des jambes lourdes atteint 65 % et est plus élevée chez les ouvriers que chez les cadres (6). Les conditions professionnelles considérées comme à risque sont les mêmes que précédemment. Un facteur « surprenant » a aussi été mis en évidence : le fait pour le salarié de ne pas être assis au fond de son siège (OR : 1,35). Une autre étude française transversale multicentrique montre, notamment, que les facteurs associés à l'insuffisance veineuse chronique sont le travail en milieu chaud (plus de 26 °C) et humide, ainsi que l'exposition aux vibrations et le travail de manutention (7). Dans une population active du secteur sanitaire et social à Clermont-Ferrand, Lille et Paris (8), la même équipe a évalué la prévalence de l'insuffisance veineuse à 76 %, avec des chiffres significativement plus élevés parmi le personnel de bloc (84 %) et de la blanchisserie (84 %). En revanche, cette pathologie est moins fréquente chez le personnel de crèche. Enfin, une enquête autrichienne retrouve une fréquence élevée de maladie veineuse chronique chez le personnel hospitalier : 34 % en sont affectés (8).
Journée d'Amphis du Medec « La souffrance veineuse au travail », coparrainée par Beaufour Ipsen Pharma et l'Aftim (Association française des techniciens, ingénieurs de sécurité et médecins du travail). D'après la communication du Dr Nadège Lepage, médecin du travail, Lille.
(1) Evans CJ, Fowkes FG, Ruckley CV, Lee AJ. « J Epidemiol Community Health », 1999 ; 53 (3) : 149-53.
(2) Kontosic I, Vukelic M, Drescik I, Mesaros-Kanjski E, Materljan E. « Jonjic Acta Med Okayama », 2000 ; 54 (1) : 33-8.
(3) Tomei F, Baccolo TP, Tomao E, Palmi S, Rosati MV. « Am J Ind Med », 1999 ; 36 (6) : 653-65.
(4) Stvrtinova V, Kolesar J, Wimmer G. « Int Angiol », 1991 ; 10 (1) : 2-5.
(5) Akrout M, Khalfallah T, Haddar H, Chaari N, Allagui Merchaoui I, Bchir N. Archives des maladies professionnelles, 2001 ; 62 (5) : 426.
(6) Hunzinger E, Roux F, Alcouffe J, Segalen M, Manillier P, Montéléon PY. Archives des maladies professionnelles 2001 ; 62 (5) : 347.
(7) Sobaszek Æ et coll. Archives des maladies professionnelles 1996 ; 57 : 157-67.
(8) Sobaszek A, Tiberguen A, Frimat P, Dômont A, Catilina P. Archives des maladies professionnelles 2000 ; 61 : 141-7.
(9) Ziegler S, Eckhardt G, Stoger R, Machula J, Rudiger HW. « Wien Klin Wochenschr », 2003 ; 115 (15-16) : 575-9.
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