Attention à la tension ! Une nouvelle étude recommande la prudence sur les traitements prescrits pour abaisser la tension artérielle. En effet, les travaux menés par le Pr Gabriel Steg, du service de cardiologie de l’hôpital Bichat semblent prouver qu’une pression artérielle trop faible est associée à des conséquences graves chez les patients coronariens stables. Les résultats de ces recherches sont publiés le 30 août dans la revue the Lancet et ont été présentés au congrès de la société européenne de cardiologie à Rome.
« Le plus bas possible, le mieux possible » ?
« La pression sanguine optimale chez les patients hypertendus continue de faire débat, en particulier chez les patients avec des problèmes coronariens », explique le Pr Steg. À l’heure actuelle, les directives européennes préconisent de cibler la tension à 140/90mmHg afin de minimiser les effets néfastes encourus avec une pression inférieure. Cette hausse des risques dus à une tension tantôt trop faible ou trop forte est qualifiée de « courbe en J ».
Pourtant, « certains arguent le plus bas possible, le mieux possible », poursuit le Pr Steg. En effet, fin 2015, l’étude SPRINT qui s’est déroulée aux États-Unis a montré que de cibler la tension idéale à 120/70mmHg diminuerait la mortalité d’environ 30 % en comparaison aux objectifs en vigueur. Suite à ces travaux, des experts se sont positionnés en faveur d’une baisse des chiffres habituels alors que d’autres gardaient une certaine réserve car les résultats de ces recherches demeuraient non transposables à la réalité.
Ou pression en baisse, risques en hausse ?
Cette nouvelle étude porte sur près de 22 672 personnes incluses dans le registre international CLARIFY. Ce sont des patients aux problèmes coronariens stables, traités pour une hypertension entre novembre 2009 et juin 2010 dans de 45 pays différents. Ils ont été suivis chaque année pendant 5 ans. Les résultats sont sans appel. La mortalité totale ou d’origine cardiovasculaire, les infarctus du myocarde, et les hospitalisations pour insuffisance cardiaque sont plus fréquents lorsque la pression systolique est inférieure à 120mmHg et la pression diastolique arrive au-dessous de 70mmHg. Plus précisément, une pression systolique passant sous la barre des 120mmHg engendrerait 56 % de risques supplémentaires de mortalité due à des problèmes cardiovasculaires, d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. De même, une pression diastolique entre 60 et 69mmHg augmente les probabilités de ces évènements de 41 %. Ces chiffres doublent si elle est plus faible que 60mmHg.
« Les résultats appuient l’existence du phénomène de la courbe en J », indique le Pr Steg. Ils suggèrent, dans tous les cas, que les recommandations européennes demeurent valables et auront sans doute un impact pratique clinique en incitant les médecins à veiller à ne pas trop baisser la pression sanguine chez les patients avec des symptômes coronariens.
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