APRES PLUSIEURS SEMAINES d'un feuilleton un peu surréaliste (« le Quotidien » des 2 et 6 avril), les syndicats de médecins libéraux représentatifs se retrouvent donc ce matin dans les locaux de la Cnam à Paris.
Objet de la rencontre caisses-syndicats : la classification commune des actes médicaux (Ccam), l'organisation de la permanence des soins et, enfin, les aides de nature à favoriser une meilleure répartition de l'offre de soins. La préparation de cette réunion avait connu des rebondissements successifs, avec tout d'abord l'incertitude sur la liste des syndicats invités : tous les syndicats représentatifs, ou seulement les syndicats partenaires conventionnels ? La Cnam avait un moment entretenu un flou artistique sur cette question ; mais, d'après les termes de la lettre adressée aux syndicats par Jean-Marie Spaeth, président de la Cnam, c'est finalement la première option qui a été retenue. Peu après, le président du SML, Dinorino Cabrera, faisait savoir qu'il ne pourrait se rendre à cette réunion, étant « retenu par d'autres engagements pris antérieurement ».
« Au demeurant, ajoute un communiqué du SML, cette réunion proposée tardivement à la veille du week-end de Pâques aurait mérité d'être mieux cadrée, tant dans sa durée que ses objectifs et son ordre du jour. »
Mais voilà que, depuis, le bruit a couru que, en préambule à cette réunion, le directeur de la Cnam, Daniel Lenoir, aurait déjà rencontré Dinorino Cabrera pour aborder les thèmes retenus pour la réunion du 9, et notamment celui de la permanenvce des soins.
Ces rumeurs ont fait réagir le Dr Jean-Claude Régi, président de la Fédération des médecins de France (FMF) : « Ce qui m'horripile, c'est que des discussions aient déjà eu lieu entre Lenoir et Cabrera. Il se passe des choses avant la réunion du 9 avril, qu'est-ce que ça veut dire ? On magouille dans notre dos, et quand on ira à la réunion, ça sera pour faire de la figuration. En plus, la commission Descours suspend ses travaux en attendant d'être confirmée dans sa mission par Philippe Douste-Blazy. Est-ce que cette réunion du 9 avril ne pouvait pas attendre un peu ? On nous prend pour des imbéciles, cette situation est tragi-comique. »
Le Dr Régi pense tout de même participer à la réunion du 9 avril, mais précise que, jusqu'au dernier moment, le bureau de la FMF pourrait en décider autrement. En revanche, tous les autres responsables de syndicat de médecins libéraux ont confirmé leur participation à cette réunion.
La grève des médecins du Gard.
Ces premières négociations sur ce sujet central de la rémunération de la permanence des soins ne semble donc pas démarrer sous les meilleurs auspices. D'autant que, dans le même temps, le spectre de la grève des gardes refait son apparition dans le Gard, où les médecins participant à la permanence des soins se déclarent non-volontaires et grévistes depuis le 1er avril. Au départ de ce mouvement de grève, la lassitude des médecins libéraux du département devant la lenteur de l'évolution du statut de la permanence des soins. Pour le Dr Pierre Bozzi, responsable de l'association de garde gardoise, « le conflit est larvé depuis 2003, et dans le Gard, faute de moyens humains, les médecins de garde sont souvent contraints d'assurer en même temps la permanence des soins et l'aide médicale urgente ».
De plus, les médecins estiment que le nouveau découpage des secteurs, imposé selon eux par la Ddass, met en danger la population vivant dans les cantons reculés. Enfin, la condamnation récente d'un médecin généraliste du Grau-du-Roi à un an d'interdiction d'exercice avec sursis a achevé d'échauffer les esprits.
Ce généraliste de garde, appelé par les pompiers pour un homme ayant reçu sept coups de couteau au cours d'une rixe, avait estimé que sa venue ne servirait à rien sinon à faire perdre du temps, et avait invité les pompiers à emmener le blessé directement aux urgences de l'hôpital le plus proche. Peu de temps après, l'homme était mort des suites de ses blessures. Pour les médecins gardois, ce drame illustre la problématique de la permanence des soins gardoise, avec une confusion entretenue entre permanence des soins et aide médicale urgente. Pour eux, l'aide médicale urgente nécessite une formation particulière et relève donc des médecins urgentistes.
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