LES AUTORITÉS sanitaires le redoutaient : même faible, il existait un risque d'introduction du virus du chikungunya dans toutes les régions où le moustique vecteur de la maladie est présent. C'est le cas de l'Italie, qui, depuis le mois de juillet, doit faire face à un foyer épidémique dans le district de Ravenne, dans le nord du pays. «L'épidémie a démarré début juillet. Les premiers signes du premier cas recensé datent au 2juillet», explique Martine Ledrans, épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire (département international et tropical). Selon le dernier bilan des autorités sanitaires italiennes, plus d'une centaine de cas auraient été recensés entre le début du mois de juillet et le 28 août. Le nombre de nouveaux cas hebdomadaire serait actuellement en décroissance. «Ce n'est pas une surprise. Nous nous préparions à cette éventualité, explique l'épidémiologiste. A partir du moment où le moustique vecteur de la maladie est présent dans une région et compte tenu de la circulation des personnes, il peut y avoir contact entre le moustique et des voyageurs virémiques qui reviennent de pays où sévit la maladie, puis transmission et émergence de foyers épidémiques.»C'est ce qu'explique également le Pr Antoine Flahault, chef de la cellule nationale de coordination de la recherche sur le chikungunya. «Une des hypothèses avancées est qu'un voyageur de retour d'Inde et atteint du virus chikungunya ait été le cas index», explique le spécialiste, qui juge la situation «inquiétante», mais pas «alarmante» (voir entretien ci-dessous).
L' Aedes albopictus, un des deux moustiques vecteurs de la maladie, est également présent dans le sud de la France métropolitaine, en particulier dans les Alpes-Maritimes et en Corse.
Les autorités françaises ont demandé à tous les voyageurs revenant de la région d'Emilie-Romagne et qui présentent dans les sept à douze jours suivant leur retour une fièvre élevée associée à des douleurs articulaires, de consulter un médecin. Dans un communiqué, elles indiquent qu'ils «doivent également se protéger des piqûres de moustiques afin d'éviter une possible transmission du chikungunya à leurs proches (notamment par l'utilisation de vêtements adaptés, de répulsifs cutanés, de produits insecticides) ».
La Direction générale de la santé (DGS) et le ministère de la Santé rappellent que, depuis 2006 et l'émergence de la maladie à la Réunion, un dispositif de lutte contre le risque de dissémination de la dengue et du chikungunya a été mis en place en France métropolitaine. Ce dernier comporte trois volets : une surveillance entomologique, une surveillance humaine et la sensibilisation des personnes résidant dans les zones où la présence du virus est avérée. La surveillance des populations de moustiques doit être annuelle, renforcée à partir du 1er avril dans les zones où le moustique est présent ou susceptible de s'implanter. Elle vise à détecter l'activité du moustique afin d'agir pour ralentir la progression de l'implantation de l'espèce. La surveillance humaine repose sur la déclaration obligatoire du chikungunya et de la dengue. Elle aussi doit être renforcée, à partir du 1er mai, dans les zones où la présence du moustique est avérée, afin notamment de mettre en place des mesures de lutte antivectorielle autour des cas. Les personnes résidant dans les zones d'implantation du moustique doivent détruire autour de leur habitat les gîtes potentiels de reproduction des moustiques (suppression de tous les récipients contenant de l'eau stagnante : soucoupes, gouttières, détritus).
Dans l'île de la Réunion, où le virus avait touché près de 300 000 personnes, sept cas de chikungunya ont été enregistrés entre le 1er et le 31 août. Depuis le 19 avril, l'île est dans une situation interépidémique.
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