DÈS SON PREMIER long métrage, « Amours chiennes », le Mexicain Alejandro González Iñárritu a attiré l’attention des amateurs de cinéma du monde entier. Le deuxième, « 21 Grammes », couronné dans plusieurs festivals et aux Golden Globes, a été réalisé aux Etats-Unis, où vit désormais le réalisateur. «L’idée de “Babel” puise ses racines dans le fait que j’ai quitté mon pays et dans mon état d’esprit actuel, qui est d’être toujours en mouvement, explique-t-il. Babel ne répond pas tant à la question “D’où viens-je?” qu’à la question “Où vais-je?”.»
Dans « 21 Grammes », Iñárritu, qui dit avoir «toujours été attiré par les coïncidences» et voir «la vie comme une succession de fragments», contait déjà des histoires parallèles. Pour « Babel », il a tourné dans quatre pays, confrontant le désert marocain à la fourmillante Tokyo, le repli sur soi américain à la fête mexicaine. Il est question de difficultés à communiquer, de rivalités et de peurs enfantines, de crise de couple, d’adolescente en deuil, d’exil, d’obsession du terrorisme.
Iñárritu compose sa polyphonie sans faire correspondre les temps de chaque histoire. Afin que ne se dévoilent que peu à peu les liens qui les unissent. Afin qu’à d’autres moments, on sache déjà ce qui va se passer. Une construction habile qui maintient la tension. Sa mise en scène, avec raison distinguée par le jury du festival de Cannes, passe sans hiatus du collectif à l’intime. A des comédiens célèbres et efficaces comme Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal, il a joint des acteurs non professionnels non moins convaincants ( «Diriger des non-acteurs dans une langue que vous ne parlez absolument pas est la chose la plus stupide, la plus irresponsable, la plus difficile et la plus satisfaisante que j’aie jamais faite!»).
On peut chercher, et trouver, dans « Babel » une critique de la société américaine, de ses préjugés sur le Mexique, de sa peur de l’étranger. Ce n’est pas que cela. C’est, comme l’a voulu Iñárritu, le portrait d’un monde, notre monde, qui a tous les moyens de communiquer et qui y parvient de plus en plus mal, jusque dans les rapports du couple ou parent-enfant. Une belle démonstration.
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