Une place pour l'accueil temporaire des handicapés 

Publié le 14/05/2003
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L' « accueil temporaire (des accidentés de la vie) est appelé à prendre une place de plus en plus importante dans les projets individualisés et comme instrument de soutien à la vie à domicile », écrit Jean-Jacques Olivin*, chargé d'une mission sur le sujet par les ministres de la Santé et des Personnes handicapées.

Si le milieu hospitalier apporte 20 % des réponses aux demandes d'accueil temporaire satisfaites, le rapport estime que, dans la moitié des cas, c'est « par défaut d'une autre solution ». « Et ce problème déjà repéré chez les personnes âgées dépendantes au moment des vacances est tout aussi vrai pour les personnes handicapées », souligne M. Olivin.

Un investissement
sur l'avenir

L'accueil temporaire - la moyenne des besoins est de 6,7 semaines par personne et par an - « doit être compris comme un investissement sur l'avenir », puisqu'il peut retarder le placement définitif des handicapés de trois à cinq ans, voire davantage. Il permet aux personnes maintenues au domicile, par choix ou par absence de solutions, d'accéder à un accueil en institution en cas de besoin. Il s'adresse à tous ceux « qui ne bénéficient pas, ou pas suffisamment au regard de leur situation du moment, d'une prise en charge institutionnelle hors de leur domicile ».
Pour promouvoir cette forme d'hébergement, J.-J. Olivin préconise l'ouverture d'unités spécifiques, dont l'essentiel de la charge incomberait aux conseils généraux. Mais pour alléger leur fardeau, il suggère de créer une « allocation logement temporaire handicap ». Constituée sur la base du montant actuel de l'allocation logement temporaire, mise en place pour les exclus (loi du 29 juillet 1998), soit 272 euros mensuels, son coût représenterait 3 260 euros annuels par place. A raison de 3 000 places dans les deux ou trois années à venir, cela entraînerait une dépense de l'ordre de 10 millions d'euros par an. Les 3 000 places correspondent à des services rendus à 15 000 adultes.
Pour les mineurs, la demande d'accueil temporaire est très forte au moment des vacances ; donc le rapport préconise la création d'une « prestation légale spécifique aux loisirs et aux vacances des enfants handicapés ». Versée sans conditions de ressources, elle pourrait relever des allocations familiales. Mais, dans l'idéal, selon M. Olivin, il conviendrait d'étendre le champ de compétence financier de l'assurance-maladie à l'accueil des enfants, y compris en dehors des périodes scolaires.
Enfin, il préconise l'ouverture d'un « département accueil temporaire » au sein de l' « Agence nationale du handicap » promise par les pouvoirs publics.
Il s'agit là d'autant de recommandations qui devraient s'inscrire dans la future réforme de la loi d'orientation en faveur des personnes handicapées, qui sera présentée en conseil des ministres avant l'été.

* Président du Groupe de réflexion pour l'accueil temporaire des personnes handicapées (GRATH) et fondateur de la Maison d'accueil de Quistinic (Morbihan).

Philippe ROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7334