DES TRAVAUX américains pourraient conduire au développement d'un traitement du myélome multiple. Louis Staudt et coll. ont en effet découvert le talon d'Achille de ce cancer hématologique. Les cellules semblent avoir besoin d'un facteur de transcription particulier pour survivre, le facteur IRF4 (pour Interferon Regulatory Factor 4). L'inhibition partielle de l'expression du gène codant pour cette protéine paraît suffire à l'éradication des cellules tumorales, sans affecter les cellules saines.
Les myélomes sont des cancers très hétérogènes. Un très grand nombre de mutations oncogènes peuvent être à leur origine. Cette caractéristique a jusqu'ici beaucoup compliqué la tâche des scientifiques à la recherche de traitements spécifiques et ciblés, destinés à lutter contre cette pathologie.
Le facteur de transcription IRF4.
En procédant à une expérience de criblage pharmacologique, Staudt et son équipe ont fini par découvrir une cible thérapeutique partagée par un grand nombre de myélomes : le facteur de transcription IRF4. Les chercheurs ont observé qu'un ARN interférent capable de bloquer la synthèse de ce facteur cellulaire est toxique pour les cellules dérivant de myélomes cultivées invitro. Le même phénomène a été observé sur trois lignées de cellules tumorales distinctes, porteuses de mutations oncogènes différentes.
Des expériences complémentaires ont permis de démontrer qu'une réduction d'expression d'IRF4 de seulement 50 % permet d'éliminer la totalité des cellules de myélome dans une culture cellulaire. Invitro, cette stratégie antitumorale semble spécifique, sans conséquence sur la survie des cellules saines. «Bien qu'IRF4 ne soit pas génétiquement altéré dans la plupart des myélomes… les cellules cancéreuses sont cependant dépendantes d'un réseau de régulation aberrant, dépendant de ce facteur», expliquent les chercheurs.
Le facteur de transcription IRF4 est connu pour son rôle dans l'activation lymphocytaire et la génération de plasmocytes sécréteurs d'immunoglobulines. Il semble contrôler l'expression d'un très grand nombre de gènes, impliqués dans de multiples processus. Les travaux de l'équipe américaine indiquent qu'il serait indispensable à la survie des cellules de myélome en raison de son action sur l'expression de l'oncogène MYC.
Shaffer A et coll. « Nature », édition en ligne avancée du 22 juin 2008.
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