UNE EQUIPE de chercheurs de l'université de Pennsylvanie vient de démontrer, chez la souris, qu'il existe une possibilité de régénération des follicules pileux dans l'épiderme adulte : la néoformation de follicules pileux matures et fonctionnels est en effet induite lors de la cicatrisation de blessures profondes. L'étude des mécanismes à l'origine de ce phénomène pourrait aboutir à la mise au point de stratégies visant notamment à traiter l'alopécie.
Il a longtemps été admis que le follicule pileux était un « mini-organe » complexe, dont la formation ne pouvait se produire qu'au cours du développement. La perte d'une de telles structures à l'âge adulte était donc considérée comme permanente. Si certains scientifiques ont remis ce dogme en cause dès les années 1950, personne n'était jusqu'ici parvenu à prouver l'existence d'une néogenèse folliculaire dans la peau des mammifères adultes. Et c'est finalement presque par hasard que Ito et coll. ont réussi à démontrer la réalité du phénomène : lors d'expériences portant sur les mécanismes de la cicatrisation, les chercheurs ont observé l'apparition de structures semblables à celle de follicules en cours de développement. Une nouvelle série d'expériences a permis aux chercheurs de Philadelphie de déterminer que ces structures apparaissent entre 14 et 19 jours après la réépithélialisation des blessures, puis poursuivent leur maturation pour donner des follicules matures et fonctionnels.
L'étude des marqueurs exprimés par les follicules naissants a montré que leur formation passe par des étapes identiques à celles observées au cours du développement.
L'activation de la voie Wnt.
Elle nécessite, en particulier, l'activation de la voie de signalisation Wnt. Si cette voie est inhibée, la cicatrisation se produit normalement, mais aucun follicule pileux ne se forme au niveau de la cicatrice. Si la voie Wnt est au contraire suractivée, le nombre de follicules pileux apparaissant sur la cicatrice est significativement augmenté.
Ito et coll. ont voulu savoir d'où venaient les cellules impliquées dans la construction des follicules néoformés. Il est apparu que, contre toute attente, les nouveaux follicules contiennent très rarement des cellules souches du bulge des follicules localisés sur le bord extérieur de la lésion cicatrisée. Les néofollicules sont visiblement formés à partir de cellules de l'épiderme et/ou de la portion supérieure des follicules avoisinants. Ce phénomène étonnant explique pourquoi les poils produits à partir des nouveaux follicules ne sont pas pigmentés : seuls les bulges contiennent des précurseurs mélanocytaires permettant la pigmentation des poils.
Forts de l'ensemble de ces observations, Ito et coll. suggèrent qu'il pourrait être possible de promouvoir une néogenèse folliculaire en activant conjointement des voies de signalisation cellulaire mises en jeu lors de la cicatrisation et la voie Wnt.
M. Ito et coll., « Nature » du 17 mai 2007, vol. 447, pp. 316-320.
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