Une étude britannique* souligne la méconnaissance du public et des médecins généralistes sur la conduite à tenir en présence d'une réaction anaphylactique. Soixante patients (14 adultes et 46 enfants) auxquels un kit auto-injectable d'adrénaline avait été prescrit ont été interrogés pendant la consultation de vérification de leur connaissance. Seulement 2 adultes et les parents de 16 des enfants savaient comment et quand réaliser l'auto-injection d'adrénaline. Au total, moins d'un tiers des patients ou parents d'un enfant atteint avaient une connaissance correcte.
En France, précise au « Quotidien » le Pr Francisque Leynadier (hôpital Tenon, Paris) au « Quotidien », il existe deux kits d'adrénaline auto-injectables. Anahelp (Stallergène) qui se présente sous la forme d'une seringue pleine avec des ailettes permettant d'injecter des dosages de 0,25, 0,50, 0,75 ou 1 mg. Anapen (Allerbio) est une seringue automatique injectant 0,35 mg d'adrénaline. Chacune a ses avantages et ses inconvénients. Anahelp permet d'administrer jusqu'à 1 mg d'adrénaline, ce qui est nécessaire dans certains cas, lorsqu'un dosage moindre n'apporte pas d'amélioration. Anapen est plus facile d'utilisation, car il évite la la piqûre.
Le matériel peut être conservé entre un et deux ans, à 4 °C et à condition de ne pas le mettre à la lumière (risque d'oxydation).
Il existe deux ordres d'indication, précise le Pr Leynadier. D'abord les patients qui ont déjà fait un choc anaphylactique (le plus souvent alimentaire, ou après une piqûre d'insecte).
Ensuite, les patients pour lesquels un risque est évoqué, et auxquels il faut aussi expliquer et montrer l'utilisation de l'appareil.
« Il existe une étude chez des patients ayant fait des chocs au venin d'hyménoptère. On s'apercevait que, souvent, ils n'avaient pas l'appareil alors qu'ils auraient dû, et que, parmi ceux qui l'avaient, tous ne l'utilisaient pas lorsque cela aurait été nécessaire », évoque le Pr Leynadier.
« Tous les médecins devraient avoir de l'adrénaline dans leur trousse d'urgence, à leur disposition en permanence, comme ils l'ont à leur cabinet », insiste le spécialiste.
La prévention des décès
L'adrénaline doit être administrée en cas d'urticaire généralisée aiguë ou en cas d'aggravation rapide d'urticaire, avec l'apparition d'une gêne respiratoire, un stridor, une tachycardie, un malaise, des douleurs abdominales.
« Plus de 90 % des décès par choc aigu surviennent chez des patients qui n'ont pas eu d'adrénaline dans les 30 premières minutes. »
Un choc anaphylactique se définit en allergologie par l'apparition dans les cinq minutes après l'ingestion d'un aliment déclenchant ou d'une piqûre d'hyménoptère, d'un prurit des mains et des pieds, d'une urticaire et de signes de vasodilatation (malaise, tachycardie) avec l'apparition ensuite de manifestations cardio-vasculaires plus sévères.
Dans une phase secondaire, il existe une réaction allergique aiguë avec oedème et désamorçage cardiaque. Lorsque les signes commencent à se manifester, le médecin ou le malade lui-même doit faire d'emblée une injection sous-cutanée de 0,25 ou 0,50 mg (en fonction de la gravité). Si le malade n'est pas amélioré dans les 5 minutes, il faut refaire une injection. Chez les malades coronariens, on réalise tout de même l'injection d'adrénaline en cas de choc, car le risque d'infarctus associé à l'adrénaline existe également en cas de désamorçage de la pompe cardiaque.
L'incidence de l'anaphylaxie est en augmentation, notamment pour des raisons alimentaires.
*« British Medical Journal », vol. 327, 6 décembre 2003, p. 1328.
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