Créatrice perfectionniste et insatiable, pionnière du design et de l’architecture intérieure minimale, soucieuse de créer un art de vivre en accord avec son époque, partisane d’une certaine démocratisation du mobilier qu’elle voulait accessible au plus grand nombre et non à quelques heureux élus, Charlotte Perriand continue encore aujourd’hui d’influencer l’habitat du troisième millénaire. L’exposition du centre Pompidou fait la lumière sur la vie et l’?uvre de cette singulière artiste en proposant de nombreux documents jusqu’alors inédits (textes théoriques, photos d’époque…), issus de ses archives, une soixantaine de pièces originales présentées en grands ensembles (mises en situation), plusieurs maquettes de projets non réalisés, ainsi qu’un film inédit, au fil d’un parcours chronologique, ponctué par la voix de l’architecte (extraite d’une émission radiophonique).
L’exposition s’ouvre sur la reconstitution de l’appartement-atelier parisien que Charlotte Perriand avait créé à la fin des années 1920 : ce qu’on a coutume d’appeler « le Bar sous le toit » et son mobilier métallique avant-gardiste (« Table extensible » en bois et aluminium, « Fauteuils pivotants »…). C’est à cette époque que l’artiste entra dans l’atelier du Corbusier et qu’elle devint son associée (aux côtés de Pierre Jeanneret) pour l’équipement de la maison. Ensemble, les trois créateurs n’auront de cesse de malmener l’académisme et de rendre l’espace le plus fonctionnel et le plus flexible possible. Leur collaboration s’étend sur dix années. Perriand fonde l’Union des artistes modernes (UAM) en 1929 et contribue aux recherches avant-gardistes du Corbusier sur l’étude du logis minimal. C’est à cette époque qu’elle crée la « Maison de week-end », sorte de tente de bois et de métal aux cloisons modulables.
«L’important, ce n’est pas l’objet, mais l’homme», disait-elle. Dans les années 1930, la jeune femme, proche du Parti communiste, s’engage idéologiquement jusque dans ses créations. En 1940, elle part pour le Japon afin de mener à bien une mission à l’Institut d’art industriel. Ce voyage influencera énergiquement ses créations suivantes, jusqu’aux plus récentes (« la Maison de thé » à l’Unesco, merveille d’harmonie, qui pousse au recueillement, qu’elle réalise alors qu’elle a 90 ans, en est le meilleur exemple). La culture brésilienne est également pour elle une source d’inspiration inépuisable (on lui doit beaucoup de meubles « exotiques »).
Au début des années 1950, Perriand collabore avec les ateliers Jean Prouvé et crée des pièces de mobilier fonctionnelles, sobres, et se fondant parfaitement dans l’ensemble architectural (cuisines intégrées en 1947 ; toilettes suspendues en 1952…). La décennie suivante lui donne l’occasion de participer à l’aménagement urbanistique et architectural de la station de ski Les Arcs et à l’équipement intérieur des appartements.
L’exposition évoque les aspects les plus marquants et les plus attachants de la personnalité de cette femme au talent très original, résolument passionnée, libre et moderne.
Centre Georges-Pompidou. Galerie 2, niveau 6. Paris 4e. Tél. 01.44.78.14.63. Entrée : 7 euros (TR : 5 euros). Jusqu’au 27 mars. Catalogue, éd. du centre Pompidou, 200 pages, 29,90 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature