Contraception orale

Une pilule de troisième génération à la drospirénone

Publié le 11/10/2006
Article réservé aux abonnés

AUTORISÉE EN FRANCE en 1967, la contraception orale estroprogestative a révolutionné la vie sexuelle et familiale des couples. Elle s’est imposée comme méthode de référence : son efficacité, sa tolérance, sa réversibilité et sa discrétion ont fait qu’elle a été rapidement adoptée par des millions de femmes. Elle représente aujourd’hui 60 % des méthodes contraceptives et elle est utilisée par 45 % des femmes âgées de 20 à 44 ans (données Ined, la population en chiffres). Toutefois, depuis quarante ans, la pilule a bénéficié de découvertes successives qui l’ont fait évoluer. Ainsi, la mise au point de progestatifs plus puissants (de deuxième puis troisième génération) a permis de réduire les doses d’estrogènes des pilules. Plus récemment, l’introduction dans une pilule contraceptive d’un progestatif de structure totalement différente, la drospirénone, a fait franchir une nouvelle étape à la contraception orale.

Une activité antiminéralocorticoïde.

La drospirénone est un analogue de la spironolactone dérivé de la 17 alpha spirolactone, dont le profil pharmacologique est proche de celui de la progestérone naturelle. Comme l’hormone naturelle, la drospirénone est dépourvue d’activité estrogénique, glucocorticoïde ou antiglucocorticoïde. En outre elle possède : une activité progestomimétique et antigonadotrope (commune à tous les progestatifs utilisés en contraception), des propriétés anti-androgéniques et une légère activité antiminéralocorticoïde qui la différencie des autres progestatifs habituellement utilisés en contraception.

Rappelons que l’aldostérone sécrétée par la surrénale a pour fonction de prévenir la fuite excessive d’eau et de sodium pour s’opposer à la baisse la pression artérielle. Au cours du cycle menstruel spontané de la femme, la progestérone naturelle agit comme un antagoniste puissant de l’aldostérone pour prévenir la rétention hydrosodée. Cet effet est essentiellement marqué en phase lutéale au cours de laquelle l’aldostérone et l’activité rénale plasmatique sont augmentées. La progestérone (naturelle) contrebalance ainsi la rétention hydrosodée induite par l’estradiol endogène.

L’effet antiminéralocorticoïde se retrouve dans les associations estroprogestatives contenant la drospirénone comme le montre Oelkers dans une étude (1) comparant différentes associations éthinylestradiol (15, 20 et 30 microgrammes)/ drospirénone (3 mg) à un association éthinylestradiol (30 microgrammes)/lévonorgestrel (150 microgrammes). L’auteur a également observé une tendance (sans significativité statistique) à la réduction pondérale chez les femmes des groupes éthinylestradiol/drospirénone et une légère prise de poids dans l’autre groupe ; la même tendance était notée concernant les chiffres tensionnels (légère baisse dans les groupes drospirénone et légère hausse dans le groupe lévonorgestrel).

Jasminelle, renfermant comme Jasmine 3 mg de drospirénone, a les mêmes bénéfices additionnels : pas de prise de poids, pas de rétention hydrosodée, effet favorable sur la peau, les cheveux et sur le bien-être en général. L’efficacité contraceptive et la bonne tolérance de Jasminelle ont été confirmées dans différentes études (2-3). Ces travaux ont montré que Jasminelle (20 microgrammes EE + 3 mg drospirénone) permet un contrôle du cycle au moins aussi bon que la pilule à laquelle elle est comparée (20 microgrammes EE + 150 microgrammes désogestrel). Elle a un effet plus favorable sur le poids (– 0,22 kg versus + 0,45 kg). Cela étant, les précautions d’emploi et les contre-indications de Jasminelle sont les mêmes que celles qui accompagnent toutes les autres pilules estroprogestatives.

La satisfaction des utilisatrices.

Dans une enquête faite auprès d’utilisatrices (à paraître), Jasminelle a un effet bénéfique (23 %) ou neutre (72 %) sur le bien-être émotionnel et un effet bénéfique (37 %) ou neutre (56 %) sur le bien-être physique ; 65 % des utilisatrices se sont déclarées très satisfaites, 26 % satisfaites, 5 % ont eu un avis neutre et 2 % seulement ont été insatisfaites de cette contraception ; 77 % ont dit avoir l’intention de continuer le traitement ; 20 % pensaient arrêter et 2 % n’avaient pas d’avis.

Conférence de presse organisée par les Laboratoires Schering (1) Oelkers « J Clin Endocrinol Metab », 1995 ; 80(6) : 1816-1821.
(2) Cibula D et al « Clin Drug Invest », 2006 ; 26(3) : 143-150.
(3) Doris M Gruber et al « Treat Endocrinol », 2006 ; 5(2) : 115-121.

> Dr DENISE CARO

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8028