RONALD HARWOOD est un auteur très important. Né en 1934, il a toujours été passionné par le monde du théâtre où il a débuté comme comédien. Il a connu le monde dont il parle et a été l’habilleur d’un chef de troupe prestigieux, Sir Donald Wollfit, grand pédagogue et patron alors de la Royal Shakespeare Company. Ronald Harwood a connu aussi des théâtres moins prestigieux et lorsqu’il compose « L’Habilleur » (The Dresser), il livre quelques-uns de ses souvenirs. Et, parlant du théâtre, il prête au personnage qui domine, celui qui joue tous les rôles principaux des pièces de Shakespeare, en tournée en Grande-Bretagne, sous les bombardements, une douloureuse présence au monde.
C’est un être qui ne saurait rien faire d’autre que jouer. « Bon qu’à ça », disait Beckett, lorsqu’on lui demandait pourquoi il écrivait. Il y a cette fatalité-là dans le destin de celui que tout le monde nomme « maître » et qui est au bout de son chemin. Il va encore jouer Lear. Mais il ne sait plus comment commence la pièce. Il a fui. Il s’est perdu en ville. Il revient. Chacun craint qu’il n’aille pas au bout du spectacle. Mais cette représentation aura lieu.
On est dans sa loge, auprès de son habilleur, souffre-douleur, admiratif, sans doute amoureux et parfois, par un système d’ombres, on entend de grandes scènes du « Roi Lear ». Le personnage qu’incarne Laurent Terzieff est fascinant. Aussi insupportable puisse-t-il apparaître, il vit toutes les contradictions qui déchirent tout comédien. Ses paradoxes. Il y a là, par-delà les personnages bien dessinés et joués par Michèle Simonnet, Nicolle Vassel, Émilie Chevrillon, Philippe Laudenbach, Jacques Marchand et le merveilleux Claude Aufaure, une interrogation passionnante sur le sens même de la vie. Il y a une interrogation métaphysique sur note destinée.
Et, précisons-le, on rit deux heures dix durant. D’un grand rire car Harwood est diaboliquement doué pour les répliques, les rebondissements, la plaisanterie. Bref, une grande pièce, un spectacle divertissant qui passe comme un souffle et l’immense Terzieff.
Théâtre Rive-Gauche à 21 heures du mardi au samedi, à 17 heures samedi (01.43.35.32.31). Durée : 2 h 10 sans entracte. Texte publié par L’Avant-scène théâtre N° 1262 (12 euros).
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