Quels sont les facteurs impliqués dans la genèse de la lombalgie aiguë ? Existe-t-il des paramètres spécifiques socioprofessionnels ou psychologiques ? Quelle est la réalité de la prise en charge en médecine de ville (bilans, traitements...) ? Les recommandations médicales actuelles sont-elles bien respectées (repos au lit, reprise d'activité...) ?
Pour répondre à ces questions, une enquête observationnelle transversale a été réalisée auprès de 205 médecins généralistes répartis sur l'ensemble du territoire français. Chaque médecin devait inclure quatre patients qui souffraient d'une lombalgie aiguë évoluant depuis moins de deux semaines. Huit cent vingt dossiers ont été étudiés.
L'objectif était de préciser les particularités cliniques de la lombalgie aiguë (contexte de déclenchement, mécanismes en cause, retentissement dans la vie socioprofessionnelle), d'apporter un premier éclairage sur les caractéristiques des patients et sur les comportements thérapeutiques des médecins généralistes en fonction de différents paramètres : âge, mode et lieu d'exercice.
Les patients
La population étudiée est une population de sujets jeunes (âge moyen : 45 ans) composée à 60 % d'hommes, dont la majorité est en activité (80 % d'actifs, 20 % de retraités), ce qui ne surprend pas, dans la mesure où les facteurs de risque professionnels et les contraintes physiques sont plus importantes chez les hommes actifs qui, en outre, ont une activité sportive (41 %) et/ou de jardinage (29 %) et de bricolage (28 %).
Les femmes de cette population sont le plus souvent soumises par leur profession à des malpositions et par leurs tâches domestiques à des contraintes biomécaniques.
Pour un tiers des patients, il s'agit d'un premier épisode douloureux. Dans 35 % des cas, cet épisode aigu survient dans un contexte chronique, 10 % ayant des antécédents de traitement radical (chirurgie vertébrale, nucléolyse ou nucléotomie) remontant en moyenne à 4,6 ans.
En ce qui concerne les examens complémentaires, des examens d'imagerie sont demandés dans 34 % des cas (la radiographie, dans 77 % des cas), des examens biologiques, dans 8 % des cas (NFS dans la moitié des cas).
Les différentes classes de médicaments indiquées dans le traitement des lombalgies (antalgiques, décontracturants, anti-inflammatoires non stéroïdiens [classe médicamenteuse la plus prescrite]) sont prescrites chez plus de 80 % des patients pour une durée de neuf ou dix jours. Ce traitement médicamenteux est assorti d'un arrêt de travail d'environ dix jours pour 53 % des hommes et 35 % des femmes.
La kinésithérapie et les manipulations vertébrales sont prescrites respectivement dans 33 et 14 % des cas, et le port d'une ceinture de soutien lombaire est conseillée à 37 % des hommes et à 18 % des femmes.
Les lombalgies représentent 7 % des causes de consultation hebdomadaire chez les médecins généralistes de l'étude, soit 9 patients par semaine sur un nombre total de 127.
Les médecins
L'âge des médecins semble conditionner la conduite thérapeutique : les médecins plus âgés voient des patients dont la lombalgie est plus sévère et sont plus interventionnistes que leurs jeunes confrères ; ils demandent plus d'examens complémentaires, prescrivent plus souvent des anti-cox et des antalgiques, des arrêts de travail plus longs... et ils ont plus souvent recours à un spécialiste. Les généralistes exerçant seuls sont également plus interventionnistes que ceux exerçant en cabinet de groupe. Les médecins exerçant en milieu rural ont sensiblement les mêmes habitudes de prescriptions que leurs confrères exerçant en milieu urbain ou semi-rural.
Cette enquête, validée par un comité scientifique*, donne une « photographie » de la lombalgie aiguë et permet de mieux connaître sa prise en charge en pratique par les médecins généralistes. Elle demande cependant à être complétée par d'autres études, portant notamment sur les lombalgies récidivantes, qui représentent 35 % des cas de lombalgie aiguë.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Genévrier avec la participation des Prs J.-P. Valat (hôpital Trousseau, Tours), B. Avouac (hôpital Henri-Mondor, Créteil) et du Dr Sylvie Rozenberg (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), qui forment tous les trois le
Comité scientifique.
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