LE 26 JUIN est décrété par les Nations unies Journée internationale pour le soutien aux personnes victimes de la torture. Triste journée. Nécessaire journée. Selon des estimations «officielles», au moins 150 000 personnes (soit 20 % des réfugiés en France) vivent sur le sol français après avoir fui leur pays où elles ont subi tortures et violence politique, indique l’association Primo Levi, qui soigne et soutient ces victimes. «En dépit de ses obligations, la France ne s’est pas dotée des moyens nécessaires pour leur offrir les soins appropriés», accuse Hubert Prévot, président de Primo Levi. «Ces hommes, ces femmes et ces enfants souffrent de traumatismes auxquels les services de soins communs ne peuvent répondre, notamment faute de formation spécifique.»
La France soumise à obligation.
Offrir des soins spécifiques à ces victimes est une obligation pour la France en raison de son adhésion à la Convention internationale contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de 1984. L’Union européenne a ensuite rappelé, par une directive du 27 janvier 2003, que cette obligation doit se traduire par des mesures concrètes dans tous les pays membres de l’Union. Deux ans plus tard, Philippe Douste-Blazy, alors ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, a exprimé «la préoccupation et le souci du gouvernement français d’unir compréhension profonde et compétences chez les professionnels de santé à prendre soin de citoyens très fragilisés, ceux dont l’intégrité corporelle et mentale a été délibérément massacrée et bafouée».
Le bilan que dresse aujourd’hui l’association est à l’opposé de ces intentions.
Emanation de l’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture et des exécutions capitales), Amnesty international section française, de Médecins du Monde, de Juristes sans Frontières et de Trève, Primo Levi a lancé en mars une pétition pour l’accès de soins appropriés aux victimes de la torture en France. Lundi, Hubert Prévot remettra ce texte au Premier ministre. Dominique de Villepin aura entre les mains une première liste de signatures, avec près de 4 000 noms, parmi lesquels ceux de l’ancien ministre de la Santé, Bernard Kouchner, du cinéaste Costa-Gavras, de l’écrivain Tahar Ben Jelloun, du romancier et cinéaste Gérard Mordillat. Les signataires réclament des moyens financiers suffisants pour les centres de soins existants et le soutien de nouvelles initiatives, la formation des professionnels, la présence d’interprètes dans les centres et des conditions de vie dignes assurées à ceux qui ont besoin de protection. Ils demandent encore que soit combattue l’impunité là où la torture s’est perpétrée et est encore commise, en reconnaissant les victimes et en leur fournissant les moyens d’obtenir justice.
L’association Primo Levi encourage toute personne intéressée à diffuser cette pétition. Soit en faisant circuler une feuille de collecte de signatures et en l’envoyant à l’association* soit en proposant une action de soutien par mail*.
«La santé mentale et psychique des personnes hébergées est purement et simplement catastrophique», déplore le Dr Marc Wluczka, chef du service de santé publique et d’assistance médicale de l’Omi (Office des migrations internationales). «Cette situation laisse les professionnels du soin et de l’accueil très démunis face à de telles détresses, conclut-on à Primo Levi, au risque de souffrir eux-mêmes à leur tour des effets traumatiques de la déshumanisation.»
* 107, avenue Parmentier, 75011 Paris ; communication@primolevi.asso.fr.
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