Placée au cœur de la « Stratégie Nationale de Santé », la médecine générale à la française va-t-elle sortir intacte de cette réforme dont Marisol Touraine a présenté hier jeudi les grandes lignes ? En négatif, les détracteurs de la ministre ont déjà pointé les risques que l’extension du tiers payant qu’elle organise faisait peser sur le modèle du médecin de ville libéral. Mais, pour les généralistes, des bouleversements plus importants sont à attendre. Tous vos syndicats insistent pour que la réforme Touraine soit l’occasion de donner de nouveaux moyens à une profession en plein déclin démographique. « Plan Marshall », « choc de revalorisation »… Vos représentants rivalisent de revendications. Il n’est pas dit que les pouvoirs publics les entendront. Pourtant, les exemples de nos voisins montrent que la valorisation de la discipline passe forcément par la revalorisation de sa rémunération.
Reste que cette loi de santé place la profession à la croisée des chemins. Car, au-delà du montant de l’enveloppe budgétaire à attribuer aux soins primaires, le débat porte aussi sur les modalités de rétribution des acteurs. Que l’on soit attaché ou pas au paiement direct du médecin, une évidence s’impose : on ne pourra pas bâtir les futurs « parcours de santé » inscrit dans la réforme Touraine avec les règles du jeu actuelles de la médecine de ville. Or, même s’il a bien évolué ces dernières années, le système repose encore à 90% sur le paiement à l’acte. Un particularisme hexagonal souvent accusé de ne guère faciliter la prise en charge des malades chroniques, d’être un frein au développement de la prévention et d’être peu compatible avec le financement de la pluri-professionnalité : toutes évolutions sous-tendues par la réforme présentée cette semaine.
Dans ce contexte, la nomenclature du généraliste paraît aujourd’hui appelée à se transformer. On est sans doute qu’au début du développement des forfaits et autres paiements à la performance, même si tout ça ne se fera évidemment pas en un jour. Question de coût, mais aussi de rythme politique. La polémique autour de l’extension aux enfants du dispositif médecin traitant en dit long sur les oppositions en présence. De même, les discussions actuelles autour de la rémunération du travail d’équipe sont une carte majeure pour le repositionnement de la médecine de proximité. Mais, là encore, le cours des négociations à la Cnamts ne facilite pas la compréhension des enjeux.
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