UNE PRÉVENTION des risques peut être mise en place : abandon de l'utilisation du gaz, mise en place de détecteurs de fumée, vigilance accrue lors de l'emploi du feu et en cuisine.
Rappel : le journal « National Geographic » a adressé à tous ses abonnés dans le monde un test succinct de l'odorat ; les résultats ont permis d'estimer qu'environ 1 % des 1,2 million de personnes qui ont répondu ont un problème olfactif ; une autre étude américaine objective une prévalence d'environ 1,4 %. En rapportant ces chiffres à la population française, on peut estimer à 900 000 le nombre des personnes qui ont ce type de problème.
Quatre causes sont à l'origine de plus de 90 % des dysosmies : les atteintes rhinosinusiennes chroniques dominées par la polypose nasosinusienne, le traumatisme crânien, les rhinites aiguës et le vieillissement. Seule la dysosmie d'origine rhinosinusienne peut être efficacement traitée. La fréquence des dysosmies augmente avec le vieillissement de la population. La moitié des sujets âgés de 65 à 80 ans et 75 % des sujets de plus de 80 ans présentent une hyposmie sévère ou une anosmie.
S'il y a de nombreux travaux sur la physiopathologie, le diagnostic et le traitement, les études sur les conséquences pratiques des pertes de l'odorat sont exceptionnelles. Celle réalisée par Pierre Bonfils et coll. chez des patients ayant une perte sévère de l'olfaction est donc particulièrement intéressante. Ces auteurs ont quantifié les accidents domestiques subis par ces personnes.
Dans le cadre de la consultation spécifique « troubles olfactifs » de l'hôpital européen Georges-Pompidou, ont été retenus les patients ayant une anosmie ou une dysosmie sévère, avec perte de plus de 80 % de l'odorat. Une olfactométrie a été réalisée, utilisant des solutions de molécules odorantes calibrées.
Cinquante-sept dysosmiques (37 femmes et 20 hommes, âge moyen de 58,9 ans) ont été classés en patients anosmiques (n = 34, 60 % de la population) ou hyposmiques sévères (n = 21, 40 %). Ils ont été comparés à 49 témoins.
Fuite de gaz, incendie, repas brûlés, aliments avariés.
On a demandé aux sujets la fréquence de survenue des événements suivants : absence de détection d'un feu, d'une fuite de gaz, d'aliments souvent brûlés en cuisinant et d'aliment avarié.
Dans la population témoin, la survenue d'au moins un de ces quatre événements a été signalée par 6 sujets et dans la population des dysosmiques par 46 patients.
L'absence de détection d'une odeur de brûlé lors d'un feu a été notée par 15 patients dysosmiques (26 %) et aucun témoin. L'absence de détection d'une fuite de gaz a été notée par 27 dysosmiques (47 %) et par un seul témoin (2 %) ; le fait de faire souvent brûler les aliments en cuisinant a été noté par 36 dysosmiques (63 %) et par 2 témoins (4 %) ; l'absence de détection d'un aliment avarié a été mentionnée par 29 dysosmiques (51 %) et par 5 témoins (10 %) ; enfin, 5 patients du groupe dysosmiques rapportent avoir eu une intoxication alimentaire du fait de l'absence de repérage d'un aliment avarié (9 %) contre un seul témoin.
Détection chez les sujets âgés en particulier.
Cette étude est la première en Europe et la deuxième sur le plan internationale permettant de montrer le risque majeur d'accidents domestiques chez les sujets anosmiques ou hyposmiques sévères. C'est aussi la première étude de ce type comportant un groupe témoin. Ce qui a permis de souligner la différence considérable de risque d'accidents domestiques : la répartition des accidents entre les deux groupes était hautement significative : p < 0,0001, soulignent les auteurs, qui plaident pour une détection dans les populations à risque (sujets âgés en particulier) à l'aide d'une évaluation clinique et par imagerie. Puis de la mise en place d'une prévention appropriée.
« La Presse Médicale », tome 37, n° 5, mais 2008, pp. 742-5.
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