Quel est votre constat concernant les violences faites aux médecins généralistes ?
Dr Bernard Le Douarin. En mars prochain, il y aura 10 ans que l’Observatoire de la sécurité des médecins aura été créé. On peut dès à présent commencer à dresser un premier bilan. Le nombre de signalements est resté à peu près stable jusqu’en 2009. 2010 aura été marqué par une hausse spectaculaire (+80 %) des violences faites aux médecins par rapport à la moyenne des années précédentes ! Si 2011 a été marquée par un léger reflux, le nombre d’agressions est cependant resté bien au-dessus de la moyenne des années précédentes. L’augmentation de la violence a des causes multiples : réduction du seuil de tolérance des patients, frustration et perte des repères citoyens. Ils ne supportent plus de s’entendre dire "non" (refus de certificat, refus d’arrêt de travail, désaccord sur un traitement). Il existe par ailleurs une perte de respect vis-à-vis du professionnel de santé. Enfin, certains avantages sociaux, comme l’introduction du tiers payant, ont favorisé la perception des soins comme un dû pour des usagers. Dans notre société, le médecin devient alors un objet de consommation comme les autres…
Un protocole de sécurité a été signé avec le ministère de l’Intérieur au printemps 2011. Où en est-on ?
Dr B. L.D. En tout, 68 départements ont pris en compte la proposition du CNOM. Parmi ces derniers, 20 ont signé et décliné sur place un véritable protocole détaillé. Une vingtaine d’autres, sans décliner de véritable protocole, a pris des mesures de sécurité pour réaliser -avec les référents sécurité de la police ou de la gendarmerie- des audits de sécurité au bénéfice des professionnels de santé. Enfin, une dizaine de départements n’ont pas jugé nécessaire d’agir en ce sens, vu le niveau minime de violence enregistrée sur leur territoire. Dans le Val-de-Marne par exemple, nous disposons d’un numéro à dix chiffres permettant au médecin d’accéder à un officier de police, nuit et jour. Parallèlement nous bénéficions déjà d’un dispositif de sécurité financé par les communes pour nos 12 maisons médicales de garde. Des vigiles sont présents de 20h à minuit. Nous sommes enfin en voie de développer un dispositif de géolocalisation des effecteurs de visites à domicile en nuit profonde : il sera opérationnel début décembre. Les médecins qui le souhaitent vont être équipés des boîtiers de géolocalisation les reliant au SAMU/Centre 15 qui pourra en cas d’alerte les localiser et déclencher l’écoute pour apprécier la situation et prévenir les forces de l’ordre en cas de problème.
Y a-t-il, à ce jour, des formations pour les médecins
Dr B. L.D. L’Ordre travaille en partenariat avec le ministère de l’Intérieur et avec l’Institut National de Formation de la Police Nationale à des outils de prévention destinés aux professionnels de santé : savoir négocier un refus en évitant d’exacerber les frustrations des usagers, règles de conduite à respecter vis-à-vis d’un patient violent, désamorcer une situation de crise, attitudes à éviter en ville, au cabinet et dans les zones sensibles. On n’apprend pas tout ça à la Faculté ! Ces outils dont le CNOM assurera le financement, seront prêts en mars et mis à la disposition des Conseils départementaux, des organisations représentatives de la profession ou des organismes de FMC.
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