VINGT-DEUX POUR CENT des femmes et des hommes ont été victimes d'atteinte aux biens, 18 % de provocation verbale, 10 % d'agression de nature morale ou psychologique, 10 % de courriers ou appels téléphoniques malveillants, 3 % de coups (ou tentatives) et 0,4 % de brutalités sexuelles, avec passage à l'acte ou non. Ces faits, de caractère délictuel, associés ou répétés, ne sont pas sans répercussion sur l'état de bien-être de ceux qui les subissent. Au total, près d'un citoyen sur deux en est victime. Avec l'enquête « Evénements de vie et santé », avec la participation de l'Insee, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), aux ministères de la Santé et du Travail, a essayé d'en savoir plus : 10 000 Français âgés de 18 à 75 ans ont été interrogés, entre novembre 2005 et février 2006, sur les violences dont ils ont été victimes au cours des 24 mois précédant l'étude.
Jeunes et familles monoparentales surexposés.
Les 18-29 ans sont les plus nombreux à accuser des violences interpersonnelles. Cela vaut pour les coups reçus – multipliés par 3,3 par rapport aux 30-54 ans – et pour les agressions verbales et sexuelles, dont font état 7 % des femmes et 3 % des hommes. Les familles monoparentales sont surexposées, elles, aux insultes, contacts physiques contraints et violences morales et psychologiques. De même, le fait de vivre seul augmente le risque de vols et de brutalités physiques. Les chômeurs et les inactifs s'en plaignent également plus souvent. Quant au lieu de vie, ce sont les habitants des communes rurales qui déclarent avoir subi le moins de violences.
Les violences de natures différentes se cumulent, montre également l'enquête. Les coups s'accompagnent, dans 70 % des cas, d'agressions verbales, alors que seulement 6 % des victimes de vols sont touchées par d'autres violences. Trois atteintes sexuelles sur cinq vont de pair avec des violences morales ou psychologiques et une sur deux avec des insultes. Parmi les victimes, une personne sur dix l'a été six fois ou plus en deux ans. Les coups et blessures se répètent également : de deux à cinq fois pour un tiers des victimes et six fois ou plus pour 14 %.
Des contrecoups « santé ».
Pour la violence physique, 47 % des femmes et 10 % des hommes évoquent des répercussions sur leur santé. Dans les suites d'une violence morale et psychologique ainsi que verbale, 33 % indiquent un dommage psychologique, et 40 % y font référence après une scène d'exhibitionnisme ou de brutalité physique. Il est souligné, d'autre part, que les auteurs de violences physiques et sexuelles ayant entraîné des dommages importants sont très majoritairement des hommes, respectivement 77 et 94 %. Enfin, il apparaît que les violences interpersonnelles mettent en relation une victime et un auteur qui se connaissent : une fois sur deux dans l'exhibitionnisme et les contacts physiques, huit fois sur dix pour les injures et les agressions physiques et psychologiques.
Comme dans la situation des femmes battues, la prévention et la prise en charge médico-psychologique ne sont pas impossibles, mais elles se révèlent pour le moins délicates à développer, sachant que les phénomènes mis en lumière par l'enquête « événements de vie et santé » restent trop souvent couverts par la loi du silence.
*« Etudes et résultats », n° 598 - septembre 2007.
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