DE NOTRE CORRESPONDANT
L'ENQUÊTE des chercheurs de l'université de Southampton (sud de l'Angleterre) a concerné 620 patients chez qui Campylobacter avait été isolé. Trois et six mois après leur inclusion, les patients rapportaient, dans un questionnaire, s'ils présentaient des signes de colopathie fonctionnelle, selon les critères de Rome.
Une colopathie fonctionnelle a ainsi été identifiée, à la fois à trois et à six mois, chez 49 participants (76 % de femmes vs 51 % de femmes dans le groupe sans colopathie fonctionnelle). L'analyse de régression logistique a mis en évidence que ces patients étaient significativement plus anxieux (OR : 1,14 ; IC 95 % : 1,05-1,23 ; p < 0,001), plus stressés (OR : 1,10 ; IC 95 % : 1,02-1,15 ; p < 0,001) et avaient une tendance plus forte à somatiser (OR : 1,17 ; IC 95 % : 1,02-1,35 ; p < 0,03) que les autres au moment de l'infection à Campylobacter.
Le comportement du tout ou rien.
L'élément dépressif n'était, en revanche, pas significatif.
Les patients ayant développé une colopathie fonctionnelle tendaient également à minimiser leurs symptômes afin de pouvoir continuer à travailler aussi longtemps que possible sans prendre de repos (comportement dit du tout ou rien). Une analyse multivariée a, par ailleurs, identifié les facteurs prédictifs les plus importants de colopathie fonctionnelle : outre le sexe (femmes), il s'agissait de l'anxiété, du stress, du perfectionnisme négatif et de la réaction du tout ou rien face à l'épisode infectieux.
Cette enquête conforte donc l'hypothèse selon laquelle le perfectionnisme négatif, à savoir le comportement consistant à se surpasser au travail, au-delà de ses propres forces, lorsqu'il s'observe dans un contexte de personnalité anxieuse et stressée, prédispose au développement d'une colopathie fonctionnelle. Selon les chercheurs britanniques, tandis que l'infection à Campylobacter serait un facteur déclenchant de la colopathie fonctionnelle, la personnalité mise en évidence dans leur enquête contribuerait à maintenir les symptômes de la maladie. Une thérapie comportementaliste cognitive mise en oeuvre précocement pourrait donc avoir une utilité dans la prise en charge de la colopathie fonctionnelle.
(1) Spence MJ, Moss-Morris R. The cognitive behavioural model of irritable bowel syndrome : a prospective investigation of patients with gastroenteritis. « Gut », publié en ligne le 26 février 2007.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature