Une pelvectomie totale sous endoscopie a été réalisée à l'IGR

Publié le 19/11/2003
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Le Dr Christophe Pomel, assisté du Dr Damienne Castaigne, a réalisé, en mars dernier, l'intervention qui va faire l'objet d'une publication dans « Gynecologic Oncology » : une pelvectomie totale sous endoscopie. Les praticiens indiquent qu'il s'agit d'une première mondiale.

L'état de santé de la patiente est actuellement stabilisé et les chirurgiens estiment que l'intervention est réussie.
Il s'agit d'une opération très mutilante, qui a été nécessaire en raison d'un envahissement de la vessie en avant et du rectum en arrière, par un cancer du col diagnostiqué en octobre de l'an dernier et traité initialement par radiochimiothérapie. L'évolution rapide de la tumeur qui était en échappement thérapeutique au début de l'année a entraîné l'indication opératoire.
Cette intervention est assortie en règle générale d'une morbidité majeure dans un tiers des cas, sous la forme d'infections, notamment pariétales ; d'embolies ; sans oublier le poids psychologique, explique au « Quotidien » le Dr Christophe Pomel.
La malade n'avait pas eu auparavant de chirurgie. La pelvectomie totale a consisté en une ablation de l'utérus, de la vessie et du rectum. L'intervention est classiquement réalisée en chirurgie conventionnelle « à ciel ouvert ».

Minimiser les saignements associés

L'idée de réaliser cette intervention par chirurgie endoscopique est venue à l'équipe chirurgicale de l'IGR pour tenter de minimiser les saignements associés qui sont extrêmement fréquents, obligeant à des transfusions en peropératoire dans la moitié des cas. De fait, dans le cas présent les pertes sanguines ont été très réduites.
Qu'en est-il de la sécurité carcinologique de ce mode opératoire ? A la question posée par « le Quotidien », le Dr Pomel répond : « Dans la mesure où l'intervention consiste à ouvrir dans des espaces indemnes de tumeur et où nous ne sommes jamais en contact avec la tumeur, les risques carcinologiques n'apparaissent pas augmentés. » Ce risque de laisser en place du tissu cancéreux résiduel peut être augmenté lorsque l'intervention est au contact de la tumeur. Mais d'un autre côté, il n'existe pas d'avantage en termes carcinologiques.
L'intervention « techniquement très difficile » n'avait pas été tentée auparavant parce que « personne n'y arrivait », explique le Dr Pomel. Il a fallu neuf heures pour réaliser la pelvectomie totale, avec ablation en monobloc des organes, puis anastomose colo-anale et confection de la dérivation urinaire par la méthode de Bricker.
Outre les avantages sur les pertes sanguines, la pelvectomie totale sous endoscopie permet une réduction des douleurs postopératoires, une simplification des soins et une absence de risque d'éviscération. Les risques d'infection pariétale sont également diminués. Et enfin, la cicatrice n'est que de trois centimètres, ce qui diminue à distance l'impact psychologique.
Les mêmes chirurgiens ont réalisé depuis trois autres interventions d'ablation pelvienne sous coelioscopie.

Dr Béatrice VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7429