DANS LES LUMIÈRES que l'on reconnaît bien, qui marquent sa manière – des clairs-obscurs superbes dus à Yves Collet qui signe également la scénographie simple – avec ces éléments mobiles, ces architectures à peine esquissées, Emmanuel Demarcy-Mota propose une lecture très pertinente de cette pièce étrange qu'est « Homme pour homme ».
Tout est peut-être dans le titre, dans une formule qui résume une parabole sur laquelle Brecht n'a cessé de revenir, 1926, 1938, 1953. C'est d'ailleurs plutôt la dernière version, la troisième, qu'a retenue François Regnault, qui signe l'adaptation de la pièce.
L'intrigue est simple, apparemment, rappelons-le. La scène est en Inde. Parti pour acheter un poisson, Galy Gay, un brave porteur (Hugues Quester), rencontre une patrouille de trois soldats sortis d'une lamentable équipée. Ils ont voulu piller un temple, l'un des leurs, Jip (Stéphane Krähenbühl), est demeuré prisonnnier du bâtiment, il sera pris pour un dieu... mais pour se présenter devant le terrible Fairchild (Philippe Demarle), il leur faut être quatre. Galy Gay va remplacer Jep.
Hugues Quester, après Pirandello et Ionesco, endosse avec Demarcy-Mota le questionnement angoissé d'un être aux prises avec l'obscurité du monde et qui se défend comme il peut... Il est remarquable de subtilité et trouve en même temps l'innocence et la roublardise de Galy Gay. Un homme est un homme. Pour aller à la guerre, n'importe qui vaut n'importe qui... La fable est plus complexe et s'éclaire de nuances drôles, touchantes. Dans le rôle de la veuve Begbick, Marie-Armelle Deguy impose sa belle personnalité et l'ensemble de la distribution, une douzaine de comédiens, est excellente. Une harpiste, Constance Luzzati, accompagne la représentation, laissant ce qu'il faut de décalage aux émotions pour nous rappeler qu'il s'agit aussi de théâtre...
Théâtre de la Ville, jusqu'au 24 mars, à 20 h 30 du mardi au samedi et le dimanche à 15 h (01.42.74.22.77).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature