Stomatodynies
Douleurs de faible intensité à type de brûlures, les stomatodynies ont la particularité de ne pas comporter d'anomalie clinique à l'examen et d'être d'évolution chronique. Elles sont principalement d'origine psychogène (38 %) mais peuvent aussi être liées à une xérostomie (12 %), une intolérance prothétique (22 %) ou une glossite (12 %), dans le cadre d'une anémie de Biermer débutante par exemple.
Ces douleurs doivent être analysées et typées selon trois périodicités cliniques possibles :
- type I (35 %) : douleur absente le matin, maximale le soir ;
- type II (55 %) : douleur présente toute la journée mais absente la nuit ;
- type III (10 %) : douleur présente certains jours.
Parmi les patients qui présentent une stomatodynie typiquement d'origine psychogène se trouve par exemple le « cancérophobe » ; celui-ci présente une douleur de type III, s'autoexamine la langue très fréquemment, et son anxiété est majeure. Le seul traitement, simple dans l'absolu, est de communiquer avec lui pour lui permettre de verbaliser ses craintes.
Autre type de stomatodynies d'origine psychogène chroniques, survenant volontiers chez une femme qui souffre par exemple d'une glossodynie de type I caractéristique : la pathologie peut correspondre à un deuil réel non verbalisé et réactivé des années après. Si la patiente accepte de s'exprimer sur ce deuil, c'est une indication à la psychothérapie, ce type de douleurs n'étant de toute façon pas une indication à un traitement médicamenteux, surtout en dehors du contexte d'une psychothérapie... sauf s'il s'agit de rendre supportable le symptôme physique.
Il est alors possible de recourir au clonazépam administré en topique (3 minutes en bouche) sous la forme de comprimés à 1 mg ou de gouttes (1 mg = 10 gouttes) trois fois par jour. Sur quatorze jours, son efficacité a été démontrée comme supérieure à celle du placebo puisqu'il améliore les scores de douleur de 2 points sur l'échelle d'évaluation de 11 items (1). Plus efficace, mais aussi plus toxique, la capsaïcine systémique est à éviter. Un travail (2) a en effet montré que si le score de l'échelle visuelle analogique passe à 5,84 sous capsaïcine (contre 6,24 sous placebo), sa toxicité gastrique est loin d'être négligeable (32 % versus 0 % pour le placebo).
La benzydamine enfin est parfaitement inefficace sur ces douleurs.
A noter que dans toutes ces études, le placebo est également inefficace sur ces douleurs buccales, ce qui montre bien que les stomatodynies sont de vraies douleurs et non pas, comme on pourrait être tenté de le croire, des « vues de l'esprit ».
D'après la communication de Loïc Vaillant.
(1) Gremeau-Richard C. Pain 2004 ; 108 : 51-57
(2) Petruzzi M. J Oral Pathol Med 2004 ; 33 : 111-114
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