AVEC PRÈS de 5 000 participants et 200 conférenciers venus du monde entier, le 26e Congrès international sur l'épilepsie organisé sous les hospices de la Ligue internationale contre l'épilepsie et du Bureau international de l'épilepsie vient de se dérouler à Paris.
Consacré à une maladie neurologique dont souffrent 40 millions de personnes dans le monde et 500 000 en France, cet événement annuel de haut niveau scientifique a donné, cette année, une grande part aux réels problèmes des patients.
Des efforts particuliers ont été réalisés pour inclure, dans pratiquement toutes les sessions, des conférences d'un intérêt potentiel à la fois pour les patients et les spécialistes, cliniciens et chercheurs.
Le programme très varié a associé dans la plupart des sessions les différents aspects de la maladie épileptique, son association à d'autres pathologies, la prise en charge du patient épileptique du très jeune enfant au sujet âgé, les problèmes posés par la femme épileptique : désir d'enfant, suivi d'une grossesse, évaluation du risque fœtal.
Au plan scientifique, ce congrès s'est beaucoup étoffé par rapport au précédent, précise le Dr Pierre Genton (président de la Ligue française contre l'épilepsie) ; 1 371 abstracts ont été acceptés par le comité scientifique international pour faire l'objet de communications libres, soit plus du double qu'au cours du précédent congrès.
« Il n'y a pas de grande révolution, mais des progrès constants dans la compréhension et la prise en charge de cette maladie. »
Dépression et anxiété.
L'un des sept grands thèmes de ce congrès est l'intrication entre l'épilepsie et les autres maladies neurologiques. Des travaux récents montrent, entre autres exemples, que la dépression et l'anxiété sont plus fréquentes chez les sujets épileptiques que dans la population générale. C'est indiscutablement lié à la crainte d'être victime d'une crise susceptible de se produire à n'importe quel moment et à l'exclusion sociale vécue par ces patients, mais l'épilepsie pourrait peut-être aussi prédisposer à la dépression. Quoi qu'il en soit, la tendance actuelle est d'avoir une approche globale du patient épileptique.
Au plan thérapeutique, le nombre d'antiépileptiques a beaucoup augmenté au cours de la dernière décennie avec de nouvelles molécules entraînant moins d'effets secondaires. Néanmoins, la maladie reste encore mal contrôlée dans 20 à 30 % des cas.
Un manque d'établissements.
« Certes, en France, la situation n'est globalement pas mauvaise comparée à celle de pays voisins comme la Grande-Bretagne. Les patients ont accès à une prise en charge dès leur première crise. » En revanche, il manque des moyens pour la prise en charge des patients le plus gravement atteints. « Il n'y a pas assez d'établissements sur tout le territoire pour recevoir les enfants les plus atteints afin qu'ils poursuivent leur scolarité », souligne le Dr Pierre Genton.
En pratique, un mouvement s'amorce actuellement dans les centres pour faire prendre conscience de la nécessité d'une prise en charge multidisciplinaire. La solution qui se dessine est celle d'une organisation en réseau, le médecin généraliste adressant son patient à un neurologue qui l'orienterait vers un centre spécialisé.
Autre sujet, celui du traitement chirurgical indiqué dans certaines formes d'épilepsies partielles résistantes aux traitements (chez l'adulte comme chez l'enfant) après un bilan neurologique très approfondi. Quand les indications sont bien posées, le taux de succès est excellent, de l'ordre de 80 %.
Actuellement, seulement 200 à 250 patients sont opérés chaque année en France. Pour le Dr Alexis Arzimanoglou, neuropédiatre (hôpital Robert-Debré, Paris), « non seulement c'est trop peu, mais les délais d'attente entre le bilan et l'intervention sont beaucoup trop longs, au risque d'une détérioration cognitive importante. Chaque année, cinq cents enfants et adolescents devraient bénéficier d'un bilan préopératoire permettant d'en retenir environ la moitié pour une intervention ».
Toutefois , souligne Jacqueline Beaussart, présidente d'Aispace, « la chirurgie n'est pas une panacée, elle n'est pas pour tout le monde. lI ne faut pas donner de faux espoirs aux patients ; si certains épileptiques sont opérables, la plupart d'entre eux ne le sont pas ».
26e Congrès international de l'épilepsie.
Conférence de presse organisée à la demande du Dr Alexis Arzimanoglou (président du 26e Congrès international sur l'épilepsie).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature