L'injection d'Enteryx dans le cardia
AU COURS des trente dernières années, les diverses tentatives de traitement du reflux gastro-œsophagien (RGO) par l'injection de substances dans la paroi du cardia (mais non dans le muscle) se sont soldées par des échecs en raison de la survenue, en quelques mois, d'un rejet du matériel. Les évaluations portent maintenant sur un biopolymère solubilisé dans un produit chimique, qui, lorsqu'il est injecté dans l'organisme, prend une forme solide microalvéolée qui s'encapsule. Une fois effectuée l'injection de 6 à 8 ml de produit dans le cardia, il s'y fixe de manière définitive.
Semblable au polymère utilisé depuis plus de quinze ans pour l'embolisation des anévrysme cérébraux difficilement accessibles, il s'agit d'un produit connu pour sa sécurité d'emploi, ce qui doit rassurer les malades parfois inquiets du fait de l'implantation définitive d'une substance étrangère. Or ce n'est qu'à ce prix que l'efficacité du dispositif est maintenue.
Sur le plan technique, l'intervention se pratique lors d'une gastroscopie sous une bouffée d'anesthésie générale et sous scopie. En effet, le couplage d'Enteryx avec un métal lourd, le tantalum, qui colore le produit en noir, permet de suivre sa diffusion lors de l'injection. Celle-ci est réalisée dans le cardia avec une aiguille pour varice œsophagienne. La technique est facile et ne requiert pas un apprentissage important. L'intervention est effectuée en ambulatoire, le patient pouvant rentrer chez lui le soir-même. Elle est indiquée dans le RGO-IPP dépendant. A contrario, sont exclus tous les patients ayant des troubles d'origine extra-organique, des douleurs et des brûlures non IPP dépendants.
Il s'agit ainsi d'une alternative à la chirurgie, proposée pour éviter un traitement IPP à vie.
Cette intervention apparaît très sûre : il n'y a aucune mortalité spécifique et la morbidité est très faible. En revanche, les effets secondaires après l'injection sont constants : douleurs épigastriques persistantes pendant 5 à 8 jours dans 70 % des cas, dysphagie transitoire pendant une à trois semaines dans les deux tiers des cas et fièvre à 38 °C pendant quelques jours dans 40 à 50 % des cas, due à une réaction inflammatoire.
Plus de 65 % de guérisons et 20 % d'améliorations.
En France, une étude multicentrique a été menée sur 63 patients avec un recul de six mois pour une trentaine d'entre eux. Les résultats obtenus ont été identiques à ceux d'autres essais européens et de l'étude princeps américano-européenne ayant porté sur 80 patients.
A deux ans, 65 à 67 % des patients étaient guéris, leur état ne nécessitant plus la prescription d'IPP en raison de l'absence de manifestations du RGO. Environ 20 % étaient améliorés avec prise d'IPP à la demande (mais moins de deux fois par semaine. Un échec caractérisé a été constaté dans 15 % des cas.
Cette étude ne comportait ni pH-métrie ni manométrie, contrairement à l'étude américano- européenne où une amélioration significative du RGO nocturne avait pu être constatée à la pH-métrie, mais sans amélioration manométrique décelable dans l'ensemble de la population.
L'injection d'Entéryx constitue la méthode endoscopique de traitement du RGO pour laquelle le recul est le plus important et ses effets sont durables, ce qui la rend « viable » sur le plan économique. Elle pourrait permettre à de nombreux patients IPP dépendants d'abandonner leur traitement médicamenteux.
D' après un entretien avec le Pr J. Laugier, CHU de Marseille.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature