Sous l’égide d’un comité scientifique, six groupes de travail ont effectué une analyse de fond du secteur de la santé mentale en Île-de-France et élaboré des propositions concrètes dans six domaines : la santé mentale à travers ses rapports publics ; la prévention et la promotion de la santé mentale ; la promotion d’une approche intégrée des parcours de santé et de vie ; la facilitation de l’accès aux soins ; la justice et la santé mentale ; la citoyenneté et la santé mentale.
Les troubles de la santé mentale concernent un Français sur cinq, les formes anxieuses dépressives étant les plus connues. Selon l’OMS, les troubles psychiques sont la première cause médicale d’invalidité, la seconde d’arrêt de travail et la troisième d’affection de longue durée. Près de 11 500 décès par suicide/an sont dénombrés et c’est la seconde cause de mortalité chez les jeunes adultes après les accidents. Des chiffres alarmants qui ont contribué à la ratification, en juin 2008, par la France du Pacte européen pour la santé mentale et le bien-être.
La situation francilienne est préoccupante, compte tenu notamment de la forte densité de population (20-25 % de la population française). L’offre sanitaire est importante, mais inégalement répartie sur la région avec l’émergence préoccupante de zones « blanches » dépourvues d’accès aux soins à 50 km de Paris. Près de 300 000 Franciliens consultent chaque année un psychiatre libéral, et 330 000 adultes et enfants sont pris en charge par des secteurs de santé mentale, sans compter les consultations de médecine générale. Des spécificités de l’Île-de-France ont été rapportées en raison de ses caractéristiques sociodémographiques : précarité, addictions, situation des adolescents, soins aux populations non-francophones, aux personnes aux mains de la justice et aux personnes âgées. le médecin généraliste étant le premier recours. La santé mentale constitue donc une des priorités d’action de l’ARS Île-de-France.
Une perte de chance dès la petite enfance
Ainsi, dès la petite enfance, la perte de chances est tangible, avec notamment l’absence de programmes spécifiques pour les enfants de parents suivis pour troubles psychiques ou psychiatriques. Les experts proposent ainsi de promouvoir le développement territorial de programmes d’intervention périnatale ayant fait la preuve de leur efficacité (ex : Promat, CAPDP, PPUMA, Réseau Perinat) ou de créer des partenariats entre les réseaux de périnatalité et les réseaux des pédopsychiatres.
Autre exemple, le parcours de soins en matière de santé mentale pourrait être organisé autour de territoires de santé spécifiques pour lever les freins qui limitent actuellement l’accès aux soins, la coordination et la continuité des soins. Ces territoires, cadre à la coopération, intégreraient toute la palette des réponses « à échelle humaine » (sanitaires, sectorielles et non sectorielles, sociales et médico-sociales) dans l’objectif de décloisonner la prise en charge de la santé mentale.
Deux thématiques importantes pour notre société : l’accès aux soins des personnes aux mains de la justice et la participation citoyenne de personnes ayant des troubles mentaux. La situation est dramatique, la première en raison d’un manque de coopération entre les professionnels de la santé et ceux de la justice, la seconde en raison de l’exclusion sociale, la stigmatisation et la discrimination qui frappent les personnes atteintes de troubles mentaux.
17 rapports sur la santé mentale en 20 ans
Les 17 rapports publics sur la santé mentale qui ont été publiés depuis vingt ans ont contribué à nourrir les textes de lois, parfois votés dans l’urgence de l’actualité, et les plans pluriannuels tel le prochain plan santé mentale 2012-2015. Ils ont permis de faire évoluer les comportements, en favorisant la prise en charge ambulatoire, et les mentalités, bien que l’hétérogénéité des parcours de soins soit toujours présente.
Claude Évin a dressé une liste de propositions qu’il entend approfondir dont « les maisons régionales de santé mentale » seront l’une des dispositions phares. Ce seront des guichets d’accueil unique d’information et d’orientation pour les malades et les aidants.
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