«LA DÉCOUVERTE de JAM-C dans les nerfs périphériques apporte une contribution majeure au domaine de la neurobiologie, non seulement au niveau moléculaire fondamental, mais aussi en soulevant la possibilité qu'une anomalie de son expression et/ ou de sa fonction puisse être associée à la pathologie de certains troubles neurologiques périphériques», souligne au « Quotidien » le Pr Sussan Nourshargh (The London School of Medicine), qui a dirigé ce travail, en collaboration étroite avec des chercheurs de l'Imperial College London, de l'University College London, du Cancer Research UK et de l'université de Genève. «Cette étude pourrait apporter des éclaircissements sur les causes de certains troubles nerveux périphériques et constitue une solide plate-forme pour les futures recherches dans ce domaine.» La molécule d'adhésion jonctionnelle JAM-C était connue jusqu'à présent pour être présente à la surface des plaquettes et de certains leucocytes, ainsi qu'aux jonctions entre les cellules endothéliales et entre les cellules épithéliales de l'intestin. Cette molécule a surtout été étudiée pour son rôle dans la réponse inflammatoire.
C'est en étudiant le rôle de JAM-C dans la migration transendothéliale des leucocytes au cours de l'inflammation que Sussan Nourshargh et son équipe de chercheurs en biologie vasculaire ont détecté une forte expression de JAM-C dans les nerfs périphériques de la souris.
Grâce à la microscopie électronique et confocale, alliée à l'immunomarquage, les chercheurs ont constaté que JAM-C est exprimée sur les cellules de Schwann entourant les axones des nerfs périphériques et, plus précisément, aux régions jonctionnelles de myéline non compacte, de chaque côté du noeud de Ranvier.
Le potentiel d'action saute d'un noeud de Ranvier à l'autre.
Rappelons que, dans le système nerveux périphérique, la gaine de myéline formée par l'enroulement des cellules de Schwann ne couvre pas entièrement l'axone et en laisse de petites sections exposées qui s'appellent les noeuds de Ranvier (espaces de 0,2 à 2 millimètres). La gaine de myéline accélère la conduction nerveuse parce que le potentiel d'action saute littéralement d'un noeud de Ranvier à l'autre (conduction saltatoire rapide) par opposition à la propagation continue beaucoup plus lente qui survient dans les axones non myélinisés. Pour faciliter la propagation de la conduction, des interactions étroites existent entre les axones et les cellules de Schwann aux régions paranodales de chaque côté du noeud de Ranvier.
L'étude de la souris K-O déficiente en JAM-C montre une perte d'intégrité de la gaine de myéline dans les nerfs sciatiques et un défaut de conduction nerveuse manifeste par des anomalies électrophysiologiques et une faiblesse musculaire.
Ces observations suggèrent, selon les chercheurs, que le déficit en JAM-C pourrait non seulement entraîner une réduction du scellage paranodal, mais aussi contribuer à la perte axonale.
Enfin, chez six sujets en bonne santé, l'équipe a vérifié qu'il existe une expression de JAM-C dans les nerfs périphériques humains, localisée aux régions paranodales.
En outre, chez cinq patients étudiés affectés d'une neuropathie démyélinisante inflammatoire, l'expression de JAM-C était significativement réduite dans les nerfs.
Cette étude révèle donc le nouveau rôle important de JAM-C pour maintenir l'intégrité et la fonction des nerfs périphériques myélinisés.
Les futures études devront déterminer si son expression joue un rôle dans la survenue ou la progression des neuropathies périphériques, notamment celles associées à une vasculopathie comme dans le diabète, le LED, la maladie de Behçet et le syndrome de Sjögren, estiment les chercheurs.
Scheiermann et coll., « Science », 30 novembre 2007, p. 1472.
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