Bacilles tuberculeux ultrarésistants

Une nouvelle menace qui inquiète l’OMS

Publié le 10/09/2006
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LA PHARMACORéSISTANCE des bacilles tuberculeux est un phénomène connu, principalement provoqué par une mauvaise prise en charge des cas de tuberculose (prescriptions impropres, médicaments de mauvaise qualité, approvisionnement irrégulier ou encore observance insuffisante). La tuberculose MR (tuberculose à bacilles multirésistants), infection par des souches de bacilles résistant à au moins deux des médicaments antituberculeux de première intention, l’isoniazide et la rifampicine, était connue. Mais, au début de 2006, sont apparues pour la première fois des formes à bacilles ultrarésistants : la tuberculose UR (en anglais XDR-TB, Extensive ou Extreme Drug Resistant Tuberculosis) est due à des souches résistant non seulement aux antituberculeux de première intention, mais également à au moins trois des six classes de médicaments de deuxième intention.

Et le phénomène est en train de prendre de l’ampleur. Selon les résultats d’une enquête réalisée par l’OMS et les CDC (Centers of Disease Control), à partir de données recueillies de 2000 à 2004, «la tuberculose à bacilles ultrarésistants a été identifiée dans toutes les régions du monde, mais elle est plus fréquente dans les pays de l’ex-Union soviétique et en Asie».

Aux Etats-Unis, 4 % des cas de tuberculose MR remplissent les critère de tuberculose UR, alors qu’en Lettonie, pays où la multirésistance est la plus élevée, ces formes représentent 19 % des tuberculoses MR. Au KwaZulu-Natal (Afrique du Sud), une flambée récente de tuberculose ultrarésistante a été décrite dans une population déjà infectée par le VIH, avec des taux de mortalité alarmants. Sur 544 patients étudiés, 221 avaient une tuberculose MR et, parmi eux, 53 ont présenté une forme à bacilles ultrarésistants, avec une mortalité très élevée (52 décès dans les 25 jours, y compris ceux qui étaient sous antirétroviraux).

Des mesures urgentes.

Si les données, peu nombreuses, sur les pharmacorésistances en Afrique indiquent une prévalence plus faible qu’en Europe orientale ou en Asie, les conséquences sur la mortalité pourraient être plus graves, compte tenu de l’épidémie concomitante de VIH. L’OMS exprime son inquiétude et demande de renforcer et d’appliquer d’urgence les mesures susceptibles d’éviter la propagation mondiale de ces souches mortelles, «une nouvelle menace qui ne laisse pratiquement aucune possibilité de traiter les patients avec les antituberculeux actuels». L’Organisation recommande en particulier le renforcement des soins de base de la tuberculose, le diagnostic et le traitement rapides des cas de tuberculose multirésistante, le renforcement de la collaboration entre les programmes de lutte contre la tuberculose et le VIH, l’accroissement des investissements dans les infrastructures de laboratoires afin d’améliorer le dépistage et la prise en charge de cas résistants. Une consultation d’experts est organisée sur ce thème par le Conseil de la recherche médicale en Afrique du Sud, avec l’appui de l’OMS et des CDC.

> Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8005