CETTE ÉTUDE a porté sur 211 patients âgés de 4 à 17 ans, présentant un psoriasis modéré à sévère, mal contrôlé, par traitement topique ou qui recevaient un traitement systémique ou une photothérapie. Après randomisation, la moitié de ces enfants ont reçu de l'étanercept (de 0,8 mg/kg à 50 mg/kg) pendant douze semaines. Ensuite, l'étude était poursuivie en ouvert, tous les patients (208) recevant Enbrel jusqu'à la 36e semaine.
Le critère principal était le pourcentage de patients atteignant un PASI 75 (Psoriasis Area and Severity Index, indice standard utilisé pour évaluer l'efficacité d'un traitement) : à douze semaines, le pourcentage est de 57 % dans le groupe Enbrel et de 11 % dans le groupe témoin (p < 0,001). A trente-six semaines, la mise sous Enbrel de tous les patients permet d'égaliser les résultats dans les deux groupes (68 % versus 65 %). Enfin, au bout de ces 36 semaines, après une nouvelle randomisation, 138 patients ont poursuivi ou non le traitement. On constate l'absence d'effet rebond à l'arrêt du traitement et, quand ce dernier est réintroduit, devant une aggravation clinique, l'efficacité est comparable à celle notée initialement, au début de l'essai contrôlé.
La tolérance a été bonne, avec un seul effet secondaire sévère (une infection respiratoire haute) observé pendant l'étude ouverte. Pendant les 48 semaines des trois phases de l'essai, les seuls effets secondaires notés sous Enbrel sont des infections respiratoires hautes, des rhino-pharyngites et des céphalées.
Le Pr Alice Gottlieb a souligné l'importance de ces résultats, d'autant que l'on manque d'études pédiatriques, ce qui limite les ressources thérapeutiques pour prendre en charge une pathologie fréquente, invalidante et qui peut se prolonger à l'âge adulte, avec de nombreuses conséquences possibles. L'arrivée des biothérapies est donc bienvenue et Wyeth a soumis un dossier d'extension d'AMM à l'agence européenne (EMEA) : attendons les conclusions de cette dernière avant de faire passer ces résultats dans la pratique.
Psoriasis de l'adulte : l'apport des biothérapies.
Pour l'instant, Enbrel a obtenu son AMM dans le traitement du psoriasis en plaques, modéré à sévère de l'adulte, en cas de résultats insuffisants ou de contre-indications des autres traitements systémiques (ciclosporine, méthotrexate, rétinoïdes, PUVA), chez l'adulte.
Les Prs J. Barker (Londres) et H. Bachelez (hôpital Saint-Louis, Paris) ont rappelé les apports des biothérapies dans ce cadre. En effet, les autres traitements systémiques sont loin de répondre à toutes les attentes : réponses incomplètes dans 10 à 50 % des cas, contre-indications dans 10 à 20 % des cas, insatisfaction des patients près d'une fois sur deux, sans parler des problèmes.
L'étanercept a démontré son efficacité chez des patients présentant un psoriasis sévère (PASI > 10) avec des taux de PASI 75 à douze semaines allant de 34 à 49 % (en fonction des doses utilisées), contre 7 % sous placebo. Comme chez l'enfant, l'introduction de l'étanercept dans le groupe placebo permet de combler (mais partiellement) ce retard, à 24 semaines (28 % contre 45 à 54 % dans les groupes traités dès le début de l'essai).
Un impact sur la qualité de vie.
Par ailleurs, Enbrel est bien toléré, améliore les symptômes de dépression et de fatigue (fréquents dans le psoriasis) et a un impact important sur la qualité de vie (amélioration du DLQ1 supérieure à 66 % à 12 et 24 semaines, p < 0,001 et p < 0,0001). Enfin, la réintroduction du traitement après interruption assure une efficacité équivalente.
Pour les Prs Barker et Bachelez, l'histoire des biothérapies, et singulièrement d'Enbrel, ne devrait pas en rester là dans le psoriasis modéré à sévère (comme dans le rhumatisme psoriasique). Un développement qui dépendra de la confirmation d'une bonne tolérance à long terme et, éventuellement, de la mise en évidence d'un effet favorable dans la prévention des comorbidités (hypertension, diabète, cardiopathies ischémiques) et de la mortalité : n'oublions pas que le psoriasis modéré à sévère multiplie par 2,6 le risque de mortalité, à âge égal, souligne le Pr J. Barker.
(1) Progress and Promise Summit : Managing for Optimal Outcomes with Biologics (réunion organisée avec le soutien institutionnel de Wyeth).
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