Le peptide YY (PYY) fragment d'hormone intestinale, est synthétisé et libéré à partir de cellules endocrines spécifiques (cellules L) qui se trouvent dans la partie distale de l'intestin grêle et au niveau du côlon. La libération du PYY est proportionnelle à la quantité de calories ingérées. Sa fonction est de signaler la prise alimentaire aux circuits cérébraux régulateurs de l'appétit.
Au cours de leurs travaux, Rachel Batterham et coll. (Londres) avaient auparavant montré qu'une perfusion de PYY chez des sujets normopondéraux réduit la prise alimentaire. Et que chez le rongeur, son administration répétée diminue la prise pondérale. On sait que le PYY agit sur les mêmes circuits neuronaux hypothalamiques que la leptine pour réguler la prise alimentaire. Au cours des recherches d'un traitement de l'obésité, on a constaté que la maladie est associée à une résistance à l'action de la leptine, qui ne constitue donc pas une bonne option thérapeutique.
Effets anorexigènes du PYY
R. Batterham et coll se sont intéressés aux effets anorexigènes du PYY.
Ils ont étudié les effets d'une injection intraveineuse de PYY exogène sur l'appétit et sur la prise alimentaire chez 24 volontaires : 12 sujets obèses dont l'IMC moyen est de 33 et 12 minces dont l'IMC moyen est de 20. Deux heures après l'administration de PYY, les sujets se sont vu offrir un buffet à volonté. Différentes mesures ont ensuite été prises. L'effet de diminution de la prise calorique s'est manifesté aussi bien dans le groupe des hyperpondéraux (diminution de 30 %, p < 0,001) que dans celui des personnes minces (diminution de 31 %, p < 0,001). De plus, le PYY a provoqué une diminution globale de la prise alimentaire cumulée sur 24 heures. Biologiquement, une réduction d'une hormone stimulante de l'appétit, la ghréline, a été constatée.
Par ailleurs, des taux à jeun et postprandiaux de PYY endogène se révèlent significativement moindres chez les sujets obèses (10,2 pmol/l versus 16,9 pmol/l, p < 0,001) que chez les normopondéraux. La libération postprandiale de PYY est moins importante chez les sujets obèses comparativement aux sujets minces, en dépit du fait que les premiers ont consommé davantage de calories au déjeuner-buffet. Enfin, les taux à jeun de PYY sont en corrélation inverse avec l'IMC, là aussi de manière significative.
Ces observations permettent aux auteurs de conclure : « Les personnes obèses ne sont pas résistantes à l'effet anorexigène du PYY. Les taux bas observés chez elles indiquent qu'un déficit en PYY est à même de contribuer à la pathogénie de l'obésité. »
Le PYY semble être un facteur majeur limitant l'appétit après les repas, estiment Batterham et coll.
Altération du signal de satiété
En prenant l'hypothèse que c'est l'obésité qui est à l'origine de taux bas de PYY circulant, on peut supposer qu'il en résulte une altération du signal postprandial de satiété, avec comme conséquence une augmentation anormale de l'appétit, de la prise alimentaire et une perpétuation du trouble.
Les facteurs qui déterminent précisément la synthèse, la libération et les effets du PYY sur l'obésité doivent encore être élucidés.
La chirurgie est actuellement le seul recours efficace contre l'obésité morbide (IMC>40). On avait déjà observé que l'opération de dérivation gastrique est associée à des taux bas de ghréline. Maintenant, on a montré que les taux de PYY sont élevés chez des patients après chirurgie de dérivation jéjuno-iléale. Ce qui fait penser que les accroissements de PYY peuvent également contribuer à la diminution de l'appétit et de la prise alimentaire. « S'il est montré que la ghréline signale la faim et que le PYY signale la satiété, il reste à savoir si ces hormones peuvent être manipulées dans une visée thérapeutique », écrivent des éditorialistes. « Un traitement de l'obésité n'est possible que si l'on cible à la fois le système qui commande la prise alimentaire et celui qui est responsable d'une résistance à la perte lipidique. »
« New England Journal of Medicine », vol. 349 ; 941, 4 septembre 2003, n° 10.
Un nouveau récepteur pour la régulation de l'appétit
L'oleyléthanolamine (OEA) est un lipide naturel impliqué dans la régulation de la satiété et du poids corporel. Les mécanismes moléculaires par lesquels l'OEA exerce ses activités étaient jusqu'ici complètement inconnus. Des évidences structurelles ont conduit Fu et coll. (université de Californie) à rechercher une interaction entre l'OEA et les récepteurs PPAR (Peroxisome-Proliferator-Activated Receptor).
In vitro, les chercheurs ont effectivement observé que l'OEA possédait une très forte affinité pour le récepteur PPAR alpha, une protéine impliquée dans la régulation du métabolisme des lipides. De plus, in vivo chez la souris, l'effet de l'OEA sur la satiété et la régulation du poids est inhibé chez des animaux mutants n'exprimant pas PPAR alpha. Enfin, les agonistes de PPAR alpha ont le même effet que l'OEA sur l'induction de la satiété des souris.
Ces différentes observations suggèrent fortement que l'OEA agit en se fixant et en activant les récepteurs PPAR alpha. Cette fixation conduit, d'une part, à la stimulation de l'expression de gènes dont les produits participent au métabolisme des lipides et, d'autre part, à l'inhibition de l'expression de la NO-syntéthase inductible (NOSi). Le monoxyde d'azote produit par la NOSi semblant constituer une signal de stimulation de l'appétit, ce phénomène permet d'expliquer comment l'OEA, via PPAR alpha, régule la prise de nourriture. La découverte de ce nouveau rôle pour PPAR alpha pourrait permettre le développement de nouveaux traitements des troubles de l'alimentation.
E. B.
J. Fu et coll., « Nature » du 4 septembre 2003, pp. 90-93.
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