LES ACIDES biliaires, métabolites du cholestérol, sont des molécules amphipathiques (qui présentent à la fois des régions hydrophiles et hydrophobes). Synthétisés dans le foie, stockés dans la vésicule biliaire et libérés en postprandial dans l'intestin grêle, ils jouent leur rôle dans l'absorption des nutriments lipophiles. Ils procèdent à une émulsification des graisses, permettant ensuite le fractionnement et l'absorption. Au cours du circuit entérohépatique, plus de 90 % des acides biliaires sont réabsorbés dans l'iléon et retournent au foie en empruntant la veine porte.
Comme ils sont fortement détergents, il existe une régulation stricte pour prévenir les dommages des tissus entérohépatiques. L'expression du gène CYP7A1, qui code la cholestérol 7 alpha-hydroxylase limitant la synthèse de l'acide biliaire, est réprimée par rétrocontrôle (feed-back).
La plupart des études sur les mécanismes du feed-back se sont focalisées sur le foie. Peu d'attention a été portée au rôle de l'intestin grêle, mais il existe des arguments indirects le désignant. Ce qui a conduit Takeshi Inagaki et coll. à pousser les investigations.
Leurs études chez la souris leur permettent de montrer que le FGF15 (Fibroblast Growth Factor 15) envoie un signal à partir de l'intestin grêle vers le foie pour réprimer le gène codant le CYP7A1. Il existe dans l'intestin grêle un récepteur qui détecte le niveau d'acide biliaire et déclenche la sécrétion du FGF15, qui agit comme une hormone, limitant en retour la production d'acide biliaire par le foie.
« Les souris complètement déficientes en FGF15 présentent une augmentation hépatique de l'ARNm de CYP7A1, des protéines correspondantes, de l'activité enzymatique CYP7A1 avec un accroissement important de l'excrétion fécale des acides biliaires. »
Les patients alimentés par voie parentérale.
Plusieurs implications de cette découverte sont évoquées. Les patients qui ne peuvent être alimentés que par voie parentérale développent fréquemment des affections hépatiques. Ce qui peut être interprété à la lumière de ce travail comme une conséquence d'un excès d'acides biliaires, en raison d'une interruption du contrôle intestinal normal.
De nouvelles questions se posent. Par exemple, ce mécanisme observé chez des souris est-il pertinent chez les humains ? Quel rôle cette hormone circulante peut-elle jouer, si elle en a un, dans d'autres régions du corps ? Quel est le mécanisme d'action des FGF au niveau de l'intestin grêle ? Un travail devrait permettre de mesurer les FGF circulantes. « L'existence possible d'une voie de signalisation foie-grêle peut de plus aider à comprendre la façon dont les variations nycthémérales de la synthèse de la bile sont contrôlées. »
« Cell Metabolism », octobre 2005, vol. 2, pp. 217-225.
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