L A polyarthrite rhumatoïde touche environ 1 % de la population adulte mondiale. « Elle peut avoir des conséquences dévastatrices. Chez un grand nombre de patients, la maladie est mal contrôlée car les traitements courants ont une efficacité limitée et provoquent de nombreux effets secondaires », a expliqué le Pr Paul Emery (Leeds, Grande-Bretagne). « Il est donc extrêmement important d'étudier de nouveaux traitements qui puissent apporter un soulagement aux personnes qui en sont atteintes. »
Les anti-TNF (Tumor Necrosis Factor) constituent une nouvelle classe de médicaments destinés aux patients chez qui le traitement classique a échoué. Ils réduisent les signes cliniques et les symptômes de la maladie. De plus, il a été démontré qu'ils inhibent sa progression. L'adalimumab ou D2E7 est l'un d'entre eux. C'est un anticorps anti-TNF alpha totalement humain, qui a été développé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. Des études de phase I et II avaient suggéré que, en monothérapie ou en injections sous-cutanées répétées, il réduisait les signes cliniques et les symptômes de la maladie.
Une étude contrôlée, l'étude ARMADA (Anti-TNF Research Study Program of The Monoclonal Antibody D2E7 in Patients with Rheumatoid Arthritis*), a donc été menée en double aveugle versus placebo, afin de confirmer son efficacité et sa tolérance. Deux cent soixante-et-onze patients ont été inclus dont 76,8 % étaient des femmes (n = 208). La moyenne d'âge était de 55,1 ans. La durée moyenne de la polyarthrite rhumatoïde était de 12,3 ans. La recherche du facteur rhumatoïde avait été positive chez 81 % d'entre eux. Tous présentaient une polyarthrite rhumatoïde active (six articulations ou plus tuméfiées et 9 articulations ou plus douloureuses), malgré une dose moyenne de méthotrexate de 16,8 mg/semaine, et avaient bénéficié auparavant sans succès de trois traitements de fond en moyenne. Ils ont été randomisés pour recevoir soit un placebo, soit l'adalimumab administré par voie sous-cutanée à l'une des trois doses suivantes (20, 40 ou 80 mg) une semaine sur deux pendant vingt-quatre semaines, en addition au traitement par méthotrexate. L'efficacité clinique a été mesurée en utilisant les critères de l'American College of Rheumatology (ACR). La réponse était notée ACR20, ACR50 ou ACR 70, traduisant respectivement une amélioration de 20, 50 ou 70 %.
Une amélioration significative
Les résultats ont montré une amélioration significative de la polyarthrite rhumatoïde par rapport au placebo, se traduisant par une réduction des signes cliniques et des symptômes sous méthotrexate et adalimumab aux trois doses administrées une semaine sur deux. En outre, la dose à 40 mg est apparue la plus efficace. Parmi les patients recevant 40 mg une semaine sur deux : 65,7 % d'entre eux ont eu une réponse ACR20 contre 14,5 % sous placebo (p < 0,0001) ; 53,7 % une réponse ACR50 contre 8,1 % sous placebo (p < 0,0001) et 26,9 % une réponse ACR 70 contre 4,8 % sous placebo (p < 0,02). « Les résultats de cette étude sont très encourageants et nous incitent à poursuivre le développement de l'adalimumab comme traitement efficace de la polyarthrite rhumatoïde », a souligné le Dr Steven Fischkoff (Laboratoires Abbott). L'adalimumab a été bien toléré. La plupart des effets secondaires ont été identiques à ceux observés sous placebo. Seules des réactions locales au point d'injection sont apparues plus fréquemment avec l'adalimumab (15,2 %) qu'avec le placebo (3,2 %).
Symposium organisé par les Laboratoires Abbott.
Caractéristiques de l'adalimumab (D2E7)
L'adalimumab est un anticorps anti-TNF alpha totalement humain.
Il agit en se liant spécifiquement au TNF alpha et en le neutralisant, ce qui interrompt la réponse inflammatoire. Il est actuellement évalué dans des études cliniques de phase III en Europe et aux Etats-Unis : plus de 2 300 patients ont été déjà traités, certains depuis quatre ans. Administré par voie sous-cutanée, sa demi-vie est de deux semaines.
* The fully human anti-TNF monoclonal antibody adalimumab (D2E7), dose ranging study : the 24-Week clinical results in patients with active RA on methotrexate therapy (the ARMADA trial) : E. Keystone (Toronto, Canada), M. E. Weinblatt (Boston, USA), M. Weisman (Los Angeles, USA), D. Furst (Seattle, USA), C. Birbara (Worcester, USA), S. Fischkoff, E. K. Chartash (Mount Olive, USA).
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