Une équipe américaine est sur la piste d'une nouvelle classe d'antibiotiques : Ebright et coll., de l'université Rutgers, ont identifié trois molécules naturellement produites par certaines bactéries. Elles ont la capacité d'inhiber de manière spécifique l'expression du programme génétique d'autres bactéries. Ces trois composés (la myxopyronine, la corallopyronine et la ripostatine), ou d'autres molécules en dérivant, pourraient conduire à la mise au point de nouveaux antibiotiques particulièrement efficaces, en particulier à celle de médicaments permettant de traiter la tuberculose plus rapidement qu'avec les molécules actuellement disponibles.
Une pince de crabe.
Les trois composés étudiés par l'équipe américaine ciblent l'ARN polymérase bactérienne, l'enzyme qui permet de transcrire les gènes de bactéries en ARN messagers. Cette enzyme ressemble à une pince de crabe. Normalement, cette pince s'ouvre et se referme autour de la molécule d'ADN qu'elle doit transcrire. Les molécules identifiées par l'équipe d'Ebright bloquent la pince en se fixant au niveau de sa charnière. La rifamycine cible également l'ARN polymérase bactérienne, mais selon un mécanisme différent. Ainsi, les souches bactériennes déjà résistantes à la rifamycine restent sensibles aux composés nouvellement identifiés.
La prise en charge des patients infectés par le bacille de la tuberculose nécessite à l'heure actuelle au moins six semaines de traitement. Ebright et coll. pensent que la nouvelle famille de molécules antibiotiques qu'ils viennent d'identifier pourrait permettre de réduire la durée de ce traitement à deux semaines. En raccourcissant la durée du traitement, on obtiendrait une meilleure adhésion des patients et, en conséquence, on réduirait le risque de voir émerger une résistance aux nouveaux médicaments.
Mukhopadhyay et coll., « Cell » du 17 octobre 2008, vol. 135, pp. 295-307.
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